Pour avoir de réelles chances de percer sur les différents marchés africains, compte tenu du retard que la Tunisie a accumulé par rapport à plusieurs pays concurrents, notamment le Maroc et la Turquie,, nous estimons nécessaire de mettre en pratique cette “feuille de route“ composée de “huit commandements“…
1 – Les entreprises tunisiennes sont redevables du CEPEX qui a développé la culture d’exportation. D’ailleurs, plusieurs chefs d’entreprise ont réalisé leur premier déplacement grâce au Centre de promotion des exportations. Donc il faut perpétuer cette culture et ce savoir-faire.
2 – Le CEPEX, mis à part quelques cadres, souffre d’un déficit d’expertise. En effet, avec une pléthorique de cadres dont la plupart n’ont jamais mis les pieds en Afrique ou refusent de le faire, comment les nomme-t-on responsables sur des pays dont ils ignorent même l’existence?
Un responsable export doit au moins avoir réalise dans un pays africain pour pouvoir ensuite adapter le discours à la réalité du terrain.
3 – Le CEPEX dispose d’un excellent portail richement construit et très intéressant qu’il faudra, néanmoins, développer mais également introduire des alertes par SMS, mails et insister sur la mobilité. En outre, ce portail doit avoir un abonnement sur la base de données de la Banque mondiale, des appels d’offres en ligne comme DG Market. Et il doit être impérativement alimenté par les études, informations sur chaque pays. Les responsables CEPEX dans chaque pays doivent scanner les avis des appels d’offres.
Le CEPEX peut également s’abonner dans chaque pays dans la base de données des appels d’offres ou charger un prestataire de le faire pour chaque pays, ensuite le facturer aux entreprises tunisiennes dans le cadre d’abonnements pour pouvoir les consulter.
4 – Le CEPEX doit mettre sur son portail la liste complète des ambassades, consulats, consulats honoraires de tous les pays africains. Il est anormal que cette base de données n’existe en Tunisie dans aucun portail, même celui des Affaires étrangères.
5 – Le CEPEX doit diversifier les missions en Afrique: vers des pays nouveaux, ou anglophones ou ayant une croissance annuelle dépassant les 7%, tels que le Tchad, Niger, Guinée-Conakry, Soudan du Sud, Ghana, Gabon, etc. Car c’est là où il y a un potentiel; Mali, Mauritanie, Cameroun et Burkina, ça devient du basique.
En d’autres termes, il ne faut pas chercher la facilité à travers l’utilisation des lignes aériennes de Tunisair mais établir un partenariat avec le Turkish Airlines ou Emirates, par exemple, et penser à faire fonctionner l’aéroport d’Enfidha comme hub pour l’Afrique.
6 – Dissocier les produits exportés: le service est à traiter à part, car c’est notre plus grand potentiel sur l’Afrique, et éviter de mélanger les genres dans les missions de prospection (industriels, produits alimentaires et produits agricoles ou matériaux de construction…).
7 – Travailler avec le gouvernement sur 2 points essentiels: le problème des visas et celui du transport aérien. Il serait aussi utile d’inviter au CEPEX, pour une table ronde, les ministres de l’Intérieur, du Commerce, des Affaires étrangères et du Transport pour un petit déjeuner avec les entreprises. Et ce pour écouter leurs doléances. Surtout en termes de lignes aériennes nouvelles, et leur demande de revoir la politique des visas. Il faudrait en outre créer partout en Afrique des consulats honoraires; c’est gratuit et la Turquie a fait cela sur 54 pays africains. Pourquoi pas la Tunisie!
8 – Revoir le FOPRODEX et réactiver le FAMEX 3. On ne peut continuer avec le mode de financement actuel, lourd avec des délais dépassant 1 voire 2 ans de remboursement des frais engagés. Penser aussi à supprimer la taxe de 10% sur les exportations et créer plutôt une incitation sur l’exportation surtout des produits tunisiens ou des services à valeur ajoutée.
In fine, on ne le répétera jamais assez, l’avenir de la Tunisie passe par l’exportation et par l’Afrique. Mais pour y parvenir, la route sera longue et surtout difficile.