La Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO) vient de présenter à Tunis son rapport sur “l’intégration arabe” dont sa directrice exécutive, Rima Khalaf a dit que rapport “parie sur le Printemps arabe pour réaliser l’intégration escomptée”.
Le rapport se veut l’expression d’une volonté de “raviver le rêve d’intégration arabe” auquel s’étaient voués tant de sommets et forums arabes à coups de propositions et de recommandations.
Le rapport n’occulte pas, pour autant, les crises politiques, les tensions ethniques, les querelles idéologiques et les conflits sécessionnistes dont la région est le théâtre. Selon le rapport dont la réalisation a duré deux ans, “le vaste sursaut populaire annonciateur du passage vers des régimes démocratiques gagnerait à être mis à profit pour prendre les bonnes décisions économiques et politiques et tourner la page des cas de monopolisation du pouvoir”.
Le rapport préconise, en outre, la concrétisation des propositions jugées réalisables par les experts, comme la réduction des tarifs de fret, l’instauration du transport à demi tarif pour les ressortissants arabes ou le boycottage des produits des colonies israéliennes de Palestine, à l’instar de ce qui est pratiqué par certains pays européens.
Détaillant les réformes à long terme envisagées dans les domaines politique, culturel et économique, il met surtout en avant le parachèvement du projet de grande zone arabe de libre échange et la création d’une union douanière arabe et d’une “ligue des peuples arabes”.
Dans une allocution lors de la cérémonie de présentation du rapport de la CESAO, le président de la République provisoire Mohamed Moncef Marzouki a imputé l’échec de l’intégration arabe aux “politiques inappropriées d’un certain nombre de dirigeants et gouvernants arabes, la persistance de l’idée de gouvernant et de sujets et l’absence d’initiatives sérieuses”.
Marzouki a, en outre, critiqué l’idée selon laquelle l’échec de la réalisation de l’intégration arabe souhaitée serait du à l’ingérence étrangère pour faire avorter les initiatives en cours. “Il ne s’agit là que d’un alibi pour justifier l’échec et les politiques erronées suivies depuis l’Indépendance”, a-t-il dit.
Pour lui, “l’espoir de voir se concrétiser l’intégration arabe n’en est pas moins légitime et accessible, surtout dans le contexte des révolutions arabes” dont il a dit qu’elles ont “redonné aux peuples leurs souveraineté”.
Marzouki a assuré que la Tunisie s’inspirera du rapport de la CESAO lors de l’organisation du Sommet économique arabe qu’elle abritera en 2015.
De son côté, Rima Khalaf a indiqué que le choix qui s’était porté sur la Tunisie pour la présentation du rapport de la CESAO sur l’intégration arabe s’explique par l’aptitude des forces de la révolution tunisienne à surmonter les obstacles et à vaincre les écueils du processus de transition.
Selon elle, les pays du Printemps arabes, la Tunisie en tête, sont “désormais riches de leurs réalisations démocratiques et de leur Constitution, eux qui ont pu s’affirmer comme un modèle d’aptitude à s’affranchir d’une réalité contraignante”.
Quant à l’ancien chef du gouvernement libanais, Najib Mikati, il considère que le changement dans la région arabe a eu le mérite de remettre, à l’ordre du jour, le projet d’intégration arabe, soulignant la nécessité de constituer “un bloc fort et invulnérable”.
Pour une population totale de 350 millions d’habitants, le quart des jeunes et le cinquième des femmes de la région arabe sont aux prises avec le chomage, alors que 50 millions d’Arabes souffrent de malnutrition, selon le rapport de la CESAO qui évalue à quelque 111 milliards de dollars le montant des fonds spoliés et placés frauduleusement hors du monde arabe.