ée Sony au Congrès mondial du mobile le 25 février 2014 à Barcelone (Photo : Lluis Gene) |
[27/02/2014 10:25:18] Barcelone (AFP) L’internet des objets promet de devenir une poule aux oeufs d’or, et les opérateurs comme le reste des acteurs des télécoms espèrent y trouver de nouvelles opportunités de croissance: ils risquent cependant de nouveau de ne servir que d’intermédiaires quand la valeur se fera ailleurs, sans eux.
L’émergence du marché des objets connectés, flagrante lors du Congrès de la téléphonie mobile de Barcelone qui s’achève ce jeudi, va connaître une accélération lors des cinq prochaines années, selon l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).
Les objets connectés ont représentés 175 millions d’unités pour un chiffre d’affaires de 24,2 milliards d’euros en 2013, et l’Idate prévoit que d’ici 2017, ce marché atteindra 470 millions de modules pour un montant de 40 milliards d’euros.
Cette croissance sera tirée par la performance de trois grands domaines: l’automobile, l’électronique grand public et tout ce qui concerne la gestion de l’eau, du gaz et de l’électricité.
Si l’année dernière, les deux tiers des revenus ont été générés par les développeurs de logiciels et les services d’information, qui analysent les données recueillies, beaucoup d’acteurs aimeraient également avoir une part du gâteau à l’avenir, dont les opérateurs par qui transitent les données.
Cependant, “la hausse du nombre d’objets connectés ne garantit pas du tout une hausse du chiffre d’affaires des opérateurs”, assure Philippe Pestanes, spécialiste des télécoms au cabinet Kurt Salmon. “La place des opérateurs dans la chaîne de valeur est assez limitée”, rappelle-t-il.
Et selon le cabinet booz&co, ça ne va pas s’arranger.
ée du Congrès mondial du mobile à Barcelone le 26 février 2014 (Photo : Josep Lago) |
Dans l’avenir, “80% de la valeur sera captée par les fournisseurs de services d’informations”, aux dépens des constructeurs de matériel et des éditeurs de logiciels, mais également des opérateurs de réseau, selon leur étude.
D’autant plus que le secteur devrait connaître une importante consolidation, initiée récemment par le rachat par le géant américain Google du spécialiste des compteurs et thermostats intelligents Nest Labs.
Mais l’affaire n’est pas totalement perdue pour les opérateurs car selon M. Pestanes, “ils peuvent être crédibles dans le rôle de commercialisateurs”.
“Ils pourront jouer un rôle dans la distribution des objets connectés”, notamment les opérateurs historiques qui ont un réseau de distribution physique étendu.
Mais le vrai défi consistera à prendre en main le versant professionnnel de ces objets connectés, ce qu’on appelle le MtoM (Machine to Machine), pour “générer une valeur aditionnelle en associant les objets connectés avec d’autres offres, et ainsi fidéliser les clients”, assure encore M. Pestanes.
Pour s’en sortir, “les opérateurs doivent innover ou ils deviendront juste des tuyaux de transfert de données. Ils doivent devenir des fournisseurs de services capables d’imposer leurs propres produits, comme le cloud personnel (stockage des données à distance), plutôt que celui de start-ups californiennes”, explique Mohssen Toumi, de booz&co.
Et puisqu’ils sont les maîtres du réseau, ils doivent arriver à le monétiser car de plus en plus de personnes ou d’entreprises seront prêtes à payer pour une meilleure connectivité.
“Ils doivent commencer à communiquer sur la qualité de services de bout en bout, car il est vital pour les acteurs over the top (OTT, géants de l’internet, NDLR) que leurs services soient accessibles”, renchérit Pierre Péladeau, de booz&co.
Les opérateurs comptent en effet beaucoup sur l’efficacité de leurs réseaux et regardent déjà vers la prochaine avancée technologique: la téléphonie de cinquième génération, ou 5G, justement pensée pour répondre à l’explosion des données générée par l’internet des objets.
“Cette nouvelle technologie mobile peut nous aider à avancer vers une situation gagnant-gagnant. La 5G participera au mouvement vers un environnement tout IP qui déverrouillera de nouvelles opportunités économiques dans le domaine de la segmentation des offres premium et des services spécialisés”, a ainsi déclaré il y quelques semianes Luigi Gambardella, le président de l’association des opérateurs européens, Etno, lors d’une conférence sur la 5G organisée par l’équipementier chinois Huawei.