Chômage : le Medef persiste à vouloir abolir le régime des intermittents

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évrier 2014 à Marseille (Photo : Bertrand Langlois)

[27/02/2014 16:03:48] Paris (AFP) L’avant-dernière séance de négociation sur l’assurance chômage se déroulait jeudi dans un Medef en état de siège, vers lequel se dirigeait un cortège plusieurs milliers d’intermittents opposés, comme les syndicats et le gouvernement, à la volonté patronale de supprimer leur régime.

Une centaine de militants CGT et de représentants des associations de chômeurs étaient également rassemblés devant le siège de l’organisation patronale pour protester contre le projet du Medef, qui vise à réduire les droits des 2,2 millions de chômeurs indemnisés (suppression des régimes plus favorables des intermittents et des intérimaires, modulations des allocations en fonction de la conjoncture…).

Des manifestations d’intermittents, à l’appel de la CGT-Spectacle, de FO, de la coordination des intermittents et précaires ou encore du Syndeac (employeurs du secteur), ont également été organisées en province, comme à Marseille où plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée sous les fenêtres du patronat local.

Alors que le nombre d’inscrits à Pôle emploi continue à grimper (3,31 millions sans activité fin janvier), les partenaires sociaux (Medef, CGPME, UPA, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO) se sont donné jusqu’au 13 mars pour se mettre d’accord sur une nouvelle convention d’assurance chômage fixant notamment le montant et la durée des allocations.

Une tâche compliquée par la situation financière du régime : son déficit devrait atteindre 4 milliards d’euros en 2013. Sa dette, de près de 18 milliards, grimperait à 22 milliards à la fin de cette année, un record.

C’est cette dette d’une “ampleur historique” que le patronat invoque pour justifier ses propositions. “Il faut s’assurer de la pérennité du régime à moyen terme, ce qui est loin d’être le cas”, a répété jeudi le chef de file de la délégation patronale, Jean-François Pilliard.

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évrier 2014 à Marseille (Photo : Bertrand Langlois)

Le document patronal – Medef, CGPME, UPA – remis mercredi aux syndicats propose notamment qu’une “concertation” soit engagée avec l’Etat pour que celui-ci finance le surcoût lié au régime des intermittents, qui serait de 300 à 350 millions d’euros, selon un récent rapport parlementaire.

– ‘Faire le buzz’ –

“Ce n’est pas à l’Etat de financer l’assurance chômage des intermittents, ni de quiconque d’ailleurs”, a réagi mercredi la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti . “Si jamais les propositions du Medef par un effet désastreux étaient mises à exécution, ça serait la destruction de la culture”, a-t-elle dit.

La ministre avait auparavant réaffirmé que le gouvernement ne laisserait “jamais détruire la spécificité des annexes 8 et 10” de la convention ayant trait au régime des intermittents (112.000 personnes indemnisées en 2012). Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a accusé le patronat de jouer au “casse-cou” et “déconseillé au Medef de persévérer dans son erreur”.

Le patronat “sait que c’est peine perdue car il n’y aura aucun signataire, mais il continue à faire le buzz”, “si on parle trois minutes des intermittents dans la négo, ce sera le max”, a déploré la négociatrice CFDT, Véronique Descacq.

De fait, les partenaires sociaux devraient se concentrer jeudi sur les droits rechargeables. Objectif : permettre aux chômeurs qui retrouvent un emploi sans avoir épuisé leurs droits de les conserver, au moins en partie, et de les cumuler avec leurs nouveaux droits s’ils retombent au chômage.

Unis, les syndicats s’opposent fermement à une réduction des droits des demandeurs d’emploi, à l’instar du président de la République et du gouvernement, qui entérine – ou non – in fine la convention définie par les partenaires sociaux, seuls gérants de l’Unédic.

Face à au nouveau projet patronal qualifié de “violent et provocateur”, la CGT avait ainsi appelé mercredi à “amplifier la mobilisation”.

Son négociateur, Eric Aubin, qui avait déchiré le projet patronal devant les caméras de télévision lors de la dernière séance, a dit mercredi qu’il “aurait pu faire la même chose aujourd’hui”. “Mais nous avons choisi la mobilisation, qui devra se poursuivre dans les prochains jours”, a-t-il dit.

Quelques dizaines d’intérimaires, dont le régime spécifique est menacé, ont occupé jeudi matin quatre agences de travail temporaire dans trois villes, Nantes, Lyon et Paris, a indiqué la CGT de l’intérim.