USA : Freddie Mac, nouvelle machine à cash de l’Etat fédéral

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une famille de Riverside, en Californie (Photo : Kevork Djansezian)

[27/02/2014 17:40:59] New York (AFP) Le géant américain du refinancement hypothécaire Freddie Mac, sauvé de la faillite en 2008 par des aides publiques, va verser un gros dividende au gouvernement, confirmant qu’il est devenu, comme sa soeur jumelle Fannie Mae, une machine à cash pour l’Etat fédéral.

“Nous avons fini de rembourser plus que ce que nous avons perçu”, a lancé sobrement mardi le PDG Donald Layton, en présentant les résultats annuels.

“Freddie” a plus que quadruplé son bénéfice net l’an dernier, à 48,7 milliards de dollars, contre 11 milliards l’année précédente. Au quatrième trimestre, le bénéfice s’est élevé à 8,6 milliards, lui permettant d’enchaîner 9 trimestres consécutifs de gains.

Fort de ces bénéfices, “Freddie” a versé un dividende de 71,34 milliards de dollars au Trésor au 31 décembre, soit davantage que les 71,33 milliards d’aides publiques reçues pour lui éviter le pire au plus fort de la crise financière.

– 202 milliards à l’Etat –

Toutefois, l’accord avec l’État ne prévoit pas de sortie de tutelle, et “Freddie” devrait donc verser 10,4 milliards de dollars supplémentaires en mars. A cette échéance, il aura redonné 81,8 milliards de dollars à l’Etat fédéral.

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écialiste du crédit immobilier, a revendu des millions de prêts toxiques à Freddie Mac et Fannie Mae (Photo : Brendan Smialowski)

Sa soeur jumelle Fannie Mae a, elle aussi, annoncé la semaine dernière avoir fini de rembourser l’aide colossale de 116,1 milliards de dollars reçue de l’Etat fédéral depuis 2008. Elle lui a redistribué 121,1 milliards de dollars.

A eux deux, Freddie Mac et Fannie Mae ont versé plus de 202,2 milliards de dollars au gouvernement américain.

Les deux géants du refinancement immobilier ont prévenu que ce niveau de bénéfices n’était pas soutenable à terme.

Avant de devenir aussi rentable, l’investissement de l’État américain dans ces deux sociétés jumelles a ressemblé à un puits sans fonds.

Fannie Mae et Freddie Mac ne font pas directement de prêts, mais garantissent ou rachètent les emprunts aux organismes de crédits et aux banques. Ils les revendent ensuite aux investisseurs sous forme de titres hypothécaires.

Actuellement, près de la moitié de tous les crédits immobiliers et près de 90% des nouveaux emprunts sont garantis par ces agences.

Les deux géants ont frôlé la faillite pendant la crise à cause de milliers de prêts de mauvaise qualité octroyés à des ménages insolvables (subprime), qui ont été rachetés à de multiples banques.

Lorsque le marché immobilier américain s’est effondré à partir de 2007, ces prêts et les titres financiers qui y étaient adossés ont perdu toute valeur.

Mais depuis le secteur immobilier s’est redressé, grâce à des taux d’intérêts faibles qui ont boosté la demande et entraîné une remontée de la valeur des maisons. Les défauts de paiements de particuliers et les saisies immobilières ont chuté.

“Fannie” et “Freddie” ont aussi noué des accords à l’amiable avec plusieurs banques sur des contentieux liés à la crise financière. Ces accords ont gonflé par exemple les bénéfices annuels de Freddie Mac de 7,7 milliards de dollars.

Les deux compromis les plus notables ont été conclus en 2013 avec Bank of America pour Fannie Mae et JPMorgan pour Freddie Mac.

Bank of America a accepté de verser 11,6 milliards de dollars à Fannie, qui estimait avoir été trompée sur la valeur de prêts subprime que la banque lui avait cédés avant la crise.

JPMorgan a de son côté a accepté un règlement amiable record de 5,1 milliards de dollars avec à la fois Fannie Mae et Freddie Mac.

– Finies les erreurs du passé –

Malgré cette santé retrouvée, le gouvernement américain doit encore se prononcer sur l’avenir des deux institutions.

En août, le président Barack Obama a indiqué qu’il souhaitait que le gouvernement se désengage de son rôle de garant des prêts immobiliers via ces organismes semi-publics.

Le régulateur du marché immobilier, la Federal Housing Finance Agency (FHFA), envisage par ailleurs de réduire la taille des prêts immobiliers qu’il garantit à travers Freddie et Fannie pour limiter les risques de pertes auxquels sont exposés les contribuables.

“Nous ne répéterons pas les erreurs du passé”, a assuré jeudi M. Layton.