évrier 2014 à Paris (Photo : Alain Jocard) |
[27/02/2014 23:29:59] Paris (AFP) Deux mois après son lancement par François Hollande, le pacte de responsabilité, bouée de sauvetage du gouvernement face à la déferlante du chômage, prend corps vendredi avec la première rencontre entre le patronat et les syndicats.
Après l’échec de l’inversion de la courbe du chômage fin 2013 et la déception de voir en janvier près de 9.000 nouveaux demandeurs d’emploi grossir les rangs des chômeurs, le gouvernement considère le pacte comme une “clé” pour relancer l’emploi, selon les termes du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
La discussion de vendredi est axée sur les “contreparties” en terme d’emploi que pourraient concéder les entreprises en échange de 30 milliards d’euros de baisse de charges promis par le gouvernement.
Cette première rencontre, qui réunit au siège du Medef les représentants de trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et de cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC), devrait bâtir un “cadre et un calendrier”, selon des participants.
L’issue reste incertaine: “il en sortira soit un relevé de discussions, soit, mieux, une déclaration commune, soit … rien du tout! ce qui serait alors un échec”, résume un syndicaliste.
“On peut se mettre d’accord sur une méthode de travail”, affirme à l’AFP Pierre Burban, secrétaire général de l’UPA (artisans).
Tout en refusant de prendre des engagements chiffrés en terme d’embauche, le Medef met sur la table des propositions qui ouvrent notamment la voie à une “mobilisation des branches” professionnelles, chacune définissant “son implication” en faveur de l’emploi.
Cette ouverture pourrait constituer un point d’accord avec les syndicats réformistes -CFDT, CFTC- favorables au pacte.
Toutefois, la CFDT pose ses “conditions” et réclame des contreparties “concrètes et mesurables” notamment sur l’emploi et l?apprentissage et un mécanisme permettant la “suspension” des aides en cas de non respect des engagements par les entreprises .
ésident de la CGPME Jean-François Roubaud, le 13 février 2014 à Lens (Photo : Philippe Huguen) |
De son côté, le président de la CGPME Jean-François Roubaud a jeté un froid jeudi en déniant tout “lien direct” et immédiat entre le pacte et les embauches. Selon lui, seule une branche, la métallurgie, “a pris quelques engagements” sur l’emploi, les autres souffrant de “carnets de commandes insuffisants”.
“Pour savoir ce qu’on sera en mesure de faire, encore faut-il savoir très précisément les mesures concrètes” que le gouvernement va prendre pour réduire le coût du travail, estime M. Burban.
Au coeur des controverses: le crédit d?impôt (CICE) et les allégements des cotisations familiales, des mesures que doit annoncer le gouvernement d’ici à fin mars.
– ‘La contrepartie, c’est du pipeau’ –
Deux syndicats, la CGT et FO, sont eux opposés au pacte, et ont déjà prévu de descendre dans la rue le 18 mars.
“Personne ne peut obliger une entreprise à embaucher. La contrepartie c’est du pipeau”, lançait jeudi sur France 5 le numéro un de FO Jean-Claude Mailly.
“La CGT n’est pas favorable au pacte. C’est avant tout un nouveau cadeau sans contrepartie”, affirme à l’AFP Eric Aubin, qui conduit la délégation de la centrale vendredi.
La centrale qui pose comme “préalable” une évaluation de toutes les aides publiques déjà données aux entreprises, entend participer pleinement aux débats et met sur la table ses propres propositions.
Le syndicat des cadres, la CGE-CGC, lui, s’interroge, sur la “crédibilité” du pacte si le patronat ne s’engage sur rien.
Le Premier ministre a fixé à fin mars -dans la foulée des municipales- le délai accordé aux partenaires sociaux pour rendre leur copie.
Le gouvernement entend engager au printemps sa responsabilité devant le Parlement sur le pacte. Le PS – malgré l’opposition de son aile gauche- a donné cette semaine son quitus en insistant sur la nécessité de “contreparties”.
A la veille de la rencontre, les ministres Pierre Moscovici (économie) et Bernard Cazeneuve (budget) ont annoncé quelques mesures de “simplification” de la fiscalité des entreprises, autre volet du pacte.
Les Français, eux, ne semblent guère optimistes: 68% d’entre eux ne croient pas à des créations d’emploi grâce au pacte, selon un dernier sondage jeudi Tilder-LCI-Opinionway.