à Paris (Photo : Sandra Laffont) |
[01/03/2014 18:31:39] Paris (AFP) Des poules “cou nu” qui ont moins chaud, des truites végétariennes, des robots qui scannent les mauvaises herbes ou des caméras 3D pour ausculter les vaches, c’est demain dans les fermes.
L’Inra (Institut national de la recherche agronomique) donne un aperçu des agricultures du futur sur son stand du Salon de l’Agriculture, qui se tient Porte de Versailles jusqu’à dimanche.
Tous ces projets, dont certains sont déjà en cours de concrétisation, visent à répondre à la nouvelle équation “agroécologique” : produire plus en consommant moins (d’eau, de produits chimiques… et d’argent si possible).
François Guyvarc’h et Marjorie Bideau sont venus de leur station expérimentale du Finistère présenter des truites végétariennes. Les poissons d’élevage sont en principe nourris avec des farines de poissons, issus de la pêche minotière.
Une pêche décriée qui tire sur la ressource en prélevant beaucoup de petits poissons et qui coûte cher puisqu’il faut plusieurs kilos de poissons pour produire un seul kilo de farine.
Du coup, ils ont tenté de développer un aliment aux mêmes qualités nutritionnelles mais à base de gluten de blé, de lupin blanc, de tourteaux de soja, de gluten de maïs et d’huiles, qu’ils ont ensuite proposé aux poissons.
-Poissons végétariens –
à Paris le 28 février 2014 (Photo : Sandra Laffont) |
Ils ont ensuite progressivement sélectionné les truites qui acceptaient cette nouvelle tambouille pour produire une nouvelle souche de poissons végétariens.
“Ça fait six ans qu’on travaille là-dessus et j’espère dans quatre ans avoir les premières mises en place” dans des élevages, explique François Guyvarc’h.
Un peu plus loin, un écran montre une vache sous toutes ses coutures. C’est la caméra 3D sur laquelle planchent Ludovic Brossard et Jacques Lassalas de l’Inra de Rennes.
Ils veulent développer un outil qui permette de mesurer le poids et les besoins de l’animal pour lui donner une ration sur-mesure.
Cela avec deux objectifs: éviter de suralimenter les bêtes car cela suscite non seulement du gaspillage mais de la pollution via les déjections. Et pouvoir suivre la santé de l’animal au plus près.
C’est ça l’agriculture de précision: donner juste la bonne dose.
– A vous d”AGIIR’ –
Comme pour ce robot de désherbage. Avec sa tête-scanner, il passe dans les champs à la recherche des mauvaises herbes et il envoie une petite dose d’herbicide uniquement sur les zones nécessaires.
Il parcourt environ un hectare à l’heure alors qu’à la main, il faudrait deux fois plus de temps, souligne fièrement Jean-François Launay, directeur de cabinet du président de l’Inra.
Car, comme ce salon l’a bien démontré, les nouvelles technologies sont désormais indissociables du travail de l’agriculteur.
Et si déjà beaucoup d’entre eux partagent leurs informations via Twitter, ils peuvent aussi partager leurs observations avec l’application AGIIR: Alerter et gérer les insectes invasifs et/ou ravageurs.
Le principe est simple: un agriculteur ou un passant voit des frelons asiatiques ou des chenilles processionnaires. Il le signale, se géolocalise et, éventuellement, prend une photo pour que le chercheur puisse recouper l’information.
L’Inra Bordeaux espère ainsi pouvoir dessiner des cartographies compilant tous les signalements. “C’est de la science citoyenne et participative”, soulignent leurs concepteurs, Jean-Marc Armand et Dominique Blancard.
Pour finir la visite, restent quelques insectes à manger. Ou des poussins partiellement déplumés. Ils ne sont pas malades. C’est l’Unité de recherche avicole de l’Inra à Tours qui souhaite observer les “effets de gênes majeurs réduisant partiellement l’emplumement sur l’adaptation à la chaleur”.
Un enjeu crucial car “un poulet soumis à un environnement chaud en fin d’élevage (supérieur à 25 degrés) se nourrit moins, avec pour conséquence une croissance plus lente et donc un élevage plus long”.
Après les poules sans plume mises au point par un Israélien, voici donc les poules frisées ou “cou nu”…