Les prétendants de SFR appelés à se déclarer avant ce soir

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élécoms de Vivendi attend un repreneur (Photo : Denis Charlet)

[05/03/2014 06:25:41] Paris (AFP) Confronté aux difficultés de SFR, Vivendi accélère les choses et a donné jusqu’à mercredi soir aux prétendants à un rachat de sa filiale télécoms — Numericable et Bouygues a minima — pour déposer des offres fermes, selon des sources concordantes.

“C’est une date qui pousse Bouygues à sortir du bois”, indique une source proche du dossier, alors que Vivendi veut profiter de cette concurrence pour choisir l’offre la plus créatrice de valeur.

Vivendi a confirmé fin février avoir été approché par la holding Altice, maison-mère de Numericable, en vue d’un “éventuel rapprochement” avec SFR, tout en assurant ne pas avoir renoncé au projet de mise en Bourse de l’opérateur, qui pourrait intervenir le 24 juin.

Altice est prêt à offrir 11 milliards d’euros en numéraire à Vivendi, qui conserverait une part de 32% de l’opérateur tandis que le nouvel actionnaire en obtiendrait 50%, selon un scénario dévoilé par le Figaro mardi.

Mais Bouygues Telecom voit d’un mauvais oeil ce mariage qui le laisserait isolé et devrait faire une contre-offre, tandis qu’Iliad, maison-mère de Free, n’a pas dévoilé ses intentions.

Selon Le Monde, le fonds d’investissement CVC Capital Partners, qui contrôle l’opérateur suisse Sunrise, est aussi intéressé par SFR. Le fonds, contacté par l’AFP, a refusé de commenter ce qu’il a qualifié de “rumeurs”.

Les grandes manoeuvres autour de SFR ne se feront cependant pas sans l’accord de l’Autorité de la concurrence car toute opération signifierait un changement du paysage français des télécoms.

Ce marché compte aujourd’hui quatre opérateurs : Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free Mobile. Depuis janvier 2012 et l’arrivée du trublion Free sur le marché de la téléphonie mobile, ils n’ont cessé de se livrer à une guerre des prix qui ont sapé leurs marges.

Les difficultés du secteur pourraient pousser l’Autorité de la concurrence et les pouvoirs publics à accepter une concentration.

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a ainsi rencontré les acteurs impliqués, ainsi que la direction de Free et Orange puisque c’est “l’avenir de cet écosystème qui est en jeu”, ainsi qu’un grand nombre d’emplois, a indiqué une porte-parole.

En gage de bonne volonté, Patrick Drahi, principal actionnaire de Numericable, s’est engagé dans le Figaro mardi “à ne pas licencier, à conserver 8.500 emplois chez SFR et 2.400 chez Numericable, et même recruter des commerciaux pour le marché des entreprises”, en cas de reprise effective

– Des atouts différents –

Voulant rassurer le gouvernement, le propriétaire d’Altice a également promis de recourir à des groupes français, comme Alcatel-Lucent, Technicolor ou Sagemcom pour réaliser ses investissements en France ou à l’étranger.

Son ambition est de faire du nouvel ensemble un grand opérateur de câble, activité plus rentable, tandis que le mobile ne serait plus qu’une activité marginale. Il vise aussi le marché des entreprises qu’il estime à fort potentiel de croissance.

Une offre de Bouygues devrait en revanche créer beaucoup beaucoup plus de synergies mais comporte le risque de détruire beaucoup plus d’emplois.

Comme elle signifierait la disparition d’un opérateur, elle pose aussi des problèmes de concurrence qui ne devraient pas se poser dans le cas d’un mariage entre Numericable et SFR.

Du point de vue des pouvoirs publics, Numericable est desservi par son poids financier moindre et le fait que sa maison-mère Altice, basée au Luxembourg et cotée à Amsterdam, a un propriétaire suisse.

L’opération serait financée par dette bancaire et une augmentation de capital de 3 milliards d’euros de Numericable souscrite à hauteur de 75% par Altice. Patrick Drahi vient d’obtenir une ligne de crédit de 15 milliards d’euros à 5%, ce qui serait plus que suffisant pour l’opération.

L’ensemble SFR-Numericable cumulerait ainsi 10,5 milliards de dette, 3,1 fois l’Ebitda des groupes combinés, soit “un niveau raisonnable pour une entreprise qui retrouvera le chemin de la croissance”, souligne Patrick Drahi.

Mais ses détracteurs soulignent que la dette combinée de SFR, Numericable et Altice se chiffrerait en fait à 16 milliards, un multiple bien plus élevé.