Ce
n’est pas la première fois que la firme aéronautique française, leader dans son
domaine, Aerolia, menace de fermer définitivement ses portes pour mettre fin à
un bras de fer, qui n’a que trop duré, avec les syndicats de base de l’UGTT et
les représentants de la centrale syndicale au niveau de la zone de Ben Arous.
Un représentant de l’UGTT Ben Arous serait même allé jusqu’à menacer d’incendier
toute la zone si les revendications «légitimes» des travailleurs ne sont pas
satisfaites. Des revendications qui n’ont pas, depuis le fameux 14 janvier,
arrêté de pleuvoir sur les entreprises aussi bien locales qu’étrangères.
Avec l’apparition sur le “marché syndical” de nouveaux syndicats, les
surenchères sont encore montées, c’est à qui mieux mieux pour avoir le plus
d’adhérents même si cela peut menacer l’existence de l’entreprise et causer la
mise en chômage de tout le monde. La valeur travail dont n’arrête pas de parler
Mehdi Jomaâ, chef du gouvernement, est un langage banni de la terminologie des
militants syndicalistes qui pensent que la Tunisie, pourtant en situation
critique, peut encore souffrir leurs récriminations, à la longue interminables
et destructrices.
Le pire est que même quand les bases syndicales entrent dans des grèves
sauvages, elles sont, solidarité oblige, automatiquement couvertes par leurs
représentants dans les bureaux régionaux, elles ne sont jamais pénalisées ou
remises à l’ordre. Tant pis si l’économie du pays s’effondre. Ne sont-ils pas
les plus forts?
L’UGTT, qui a construit un siège rappelant celui édifié par le RCD, il y a
quelques années, devrait peut-être réfléchir à créer une caisse spéciale pour
les anciens travailleurs qui se retrouveront très bientôt dans la rue par force
de frénésie revendicatrice. C’est d’autant plus surprenant que le contrat
social, initié avec l’UTICA et le gouvernement, stipule l’importance de résoudre
les litiges entre employeurs et employés par la négociation et non par les
menaces et les chantages aux grèves.Nous devrions peut être recenser les états
dépressifs chez les opérateurs privés ou ceux qui ont des maladies de coeur…
Wided Bouchamaoui, présidente du patronat, a, à maintes reprises, assuré que
l’UTICA est ouverte à toutes les propositions et réceptives à toutes les
solutions à partir du moment où elles ne se font ni aux dépens des entreprises
ni des droits des travailleurs. Elle a même affirmé qu’elle se porterait garante
du respect des engagements des entreprises envers les syndicats et qu’elle
serait prête à lâcher celles qui ne se plieraient pas aux lois et aux accords.
Mais comme le dit ce dicton bien de chez nous, «Dhahkoulou, tmad ala toulou»…,
ce n’est pas parce que la patronat est fragilisé par trois ans d’attaques
incessantes à son encontre et nuisant à son image et à ses symboles qu’il faut
croire qu’il est «écrasable». Car en l’écrasant sans raisons valables, ce sont
les créateurs de richesses que l’on attaque de front et que nous poussons vers
la porte de sortie, les encourageant à aller investir ailleurs, là où le travail
est respecté et la productivité assurée. Ce n’est pas non plus parce que l’UGTT
a participé à la lutte pour la libération nationale, soit dit en parfaite
symbiose avec les commerçants et propriétaires de l’époque, ou à la réussite du
dialogue nationale qu’elle n’a pas été la seule à mener, qu’elle doit
aujourd’hui décider de la fermeture ou de l’ouverture d’une zone économique. Il
s’agit des hauts intérêts du pays. C’est comme si, dans les esprits de certaines
personnes psychorigides de la centrale syndicale, la Tunisie qui luttait contre
l’occupation française et celle qui lutte aujourd’hui pour sa survie ne sont pas
un même et unique pays. En attendant et si ça peut leur faire plaisir, les
investisseurs étrangers sont en train de délocaliser leurs entreprises en
direction du Mexique et du Maroc.
Un exemple éloquent : Aerolia
Dix hectares ont été réservés à Aerolia dans la zone industrielle El Mghira, où
il y a eu installation des sous-traitants et du centre de formation. L’UGTT
pourrait peut être si la firme aéronautique part au Maroc, transformer le centre
implanté par la sueur et l’argent des contribuables en un centre sportif où les
férus des luttes et des combats dévastateurs pourraient venir se défouler… Car
l’histoire d’Aérolia est celle de celui à qui on a offert tout juste un doigt et
qui a exigé ensuite toute la main.
Car avant que cela ne se transforme en un bras de fer entre syndicats et
responsables de la compagnie aéronautique, des discussions ont d’ores et déjà eu
lieu et dans lesquelles il était question de répondre positivement aux
revendications réalistes et légitimes et conformes à la législation en vigueur
relative à la convention de la fonderie, métallurgie et constructions
mécaniques. Quelques temps après, tous les accords signés précédemment avec le
syndicat ont été remis en cause.
L’Union régionale de l’UGTT de Ben Arous est allée très loin. Après avoir voulu
diminuer le nombre d’heures de 48 à 45 heures, elle exigerait aujourd’hui un
planning de 37 heures par semaine. Pire, elle exige le passage de l’ensemble des
employés d’Aérolia Tunisie en collège Maîtrise, pour être payés non plus en
horaires mais en forfait mensuel, ce qui est une aberration, les augmentations
salariales seraient même de l’ordre de 140 D.
Mohamed Ali Zaouali, directeur régional de l’UTICA à Ben Arous, intervenant au
micro de Tarek M’rad, a exprimé son indignation face à ces pratiques
irrespectueuses des principes et des accords conclus entre différents vis-à-vis.
Aérolia, qui emploie environ 1.300 personnes, a pour sa part décidé de prendre
une mesure exceptionnelle de lock-out de cinq jours, c’est-à-dire l’arrêt de
travail non rémunéré décidé par l’employeur lui-même.
Les représentants de l’UGTT Ben Arous n’ont pas compris qu’ils ne peuvent pas
gagner à tous les coups et qu’à un certain moment, ils vont avoir à payer pour
leur aveuglement et leur inconscience de la gravité du contexte tunisien.
L’image de l’aéronautique en Tunisie, déjà bien entamée avec les 2 grèves
sauvages à Aérolia et la grève à CCAT et Latelec est définitivement ternie. Mais
les virtuoses de l’UGTT nous offriront peut-être des solutions miracles pour
employer les nouveaux chômeurs qu’ils comptent mettre sur une liste déjà très
longue de demandeurs de l’emploi.
On n’ose peut pas le dire à haute voix, mais aujourd’hui la Tunisie souffre
d’une autre forme de dictature, celle du corporatisme et du syndicalisme aveugle
et inconscient des enjeux socio-économiques dans lesquels se débat le pays.
La “dictature du prolétariat” n’est plus d’actualité, la Russie, elle même, n’y
croit plus et s’en est affranchie…Nous sommes aujourd’hui à l’ère d’un
libéralisme à dimension humaine où chacun doit jouer un rôle dans le
développement économique de son pays et être rétribué pour ce qu’il fait.
L’égalité absolue n’existe que dans la tête de ceux qui veulent tout sans rien
céder.
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