Quelque
1.199 affaires de corruption sont en instance d’examen par les tribunaux
tunisiens, dont plus de mille inscrites au rôle du seul Tribunal de première
instance de Tunis, a indiqué l’avocat général, directeur des services
judiciaires au ministère de la Justice, Sadok Lamari, qui a précisé que, sur ce
total, 624 affaires impliquent la famille et la belle-famille du président
déchu.
Ce bilan a été dressé par ce responsable lors d’une séance d’audition tenue
jeudi par la Commission de la réforme administrative et de la lutte contre la
corruption à l’Assemblée nationale constituante.
La commission a entendu successivement les magistrats Riadh Belkadhi, avocat
général chargé des affaires correctionnelles, Sadok Lamari, avocat général à la
direction des services judiciaires, et Mohamed Askri, avocat général, conseiller
auprès du ministre de la Justice, dans le cadre du suivi des affaires en rapport
avec les biens spoliés et placés frauduleusement à l’étranger et les affaires de
prévarication de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et de ses proches.
Selon Sadok Lamari, les affaires des fonds mal-acquis cachés à l’étranger
concernent principalement la passation de marchés publics, les transactions
d’importation et le changement de vocation des terres agricoles qui, d’un trait
de plume, deviennent des terrains industriels ou des lotissements touristiques
et voient de ce fait leur valeur monter en flèche.
Tout en admettant une certaine lenteur des procédures, il a assuré cependant que
les choses «bougent progressivement» et que la Suisse et la France remettront
bientôt à la Tunisie des pièces importantes des dossiers instruits.
L’avocat général Riadh Belkadhi a fait valoir de son côté que les procédures
judiciaires à l’étranger diffèrent fondamentalement de celles en vigueur chez
nous, indiquant que des contacts sont en cours entre les magistrats tunisiens en
charge des dossiers et leurs homologues et interlocuteurs étrangers pour
harmoniser et rapprocher les vues à ce sujet.
L’avocat général Mohamed Askri a assuré de son côté que les pays étrangers en
pourparlers avec la Tunisie ont bel et bien placé sous séquestre conservatoire
les fonds spoliés tunisiens. «Maintenant, nous voulons passer à l’étape de la
confiscation, puis à celle du recouvrement», a-t-il ajouté.
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