écossais (Photo : Andy Buchanan) |
[07/03/2014 13:54:17] Londres (AFP) A près de six mois du référendum sur l’indépendance écossaise, les entreprises se plaignent du flou qui entoure toujours les contours d’une éventuelle sécession et tentent de se préparer à toutes les éventualités.
Le fonds Alliance Trust, aujourd’hui basé à Dundee en Écosse, a annoncé vendredi qu’il allait établir par précaution des filiales en Angleterre, prélude à un éventuel déménagement.
“Le référendum de septembre crée une incertitude pour nos clients et pour notre activité”, a regretté sa directrice générale, Katherine Garrett-Cox.
Elle a ainsi listé les interrogations qui demeurent: le régime de taxation et de régulation, la monnaie, sans oublier la question de l’adhésion à l’Union européenne d’une Écosse souveraine… Cela alors que toutes ces questions font aujourd’hui l’objet d’une bataille de communication centrée sur l’économie entre le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron à Londres et les indépendantistes au pouvoir à Édimbourg.
Face à ce flou, les grandes entreprises actives en Écosse – pour l’essentiel dans le secteur de la finance et du pétrole – demandent unanimement plus de clarté.
“Nous allons continuer à tenter d’y voir clair sur ces questions mais l’incertitude risque de perdurer. De ce fait, nous allons prendre des mesures fondées sur notre analyse des risques”, expliquait récemment David Nish, le directeur général de la société de services financiers Standard Life, basée à Édimbourg.
Elle prépare elle aussi le transfert d’une partie de son activité hors d’Écosse au cas où…
Le président de l’emblématique Royal Bank of Scotland (RBS) s’est aussi plaint de “l’incertitude” sur la monnaie et la régulation financière mais aussi sur la question du prêteur en dernier ressort (aujourd’hui la Banque d’Angleterre) ou encore des notations de crédit par les agences financières.
“Il existe une vraie incertitude sur la manière dont ces questions seraient réglées en cas de Oui et le résultat dépendra des négociations entre les deux gouvernements”, a souligné Sir Philip Hampton.
Or chaque partie campe de plus en plus sur ses positions à l’approche de la date fatidique du 18 septembre.
Les indépendantistes assurent par exemple que l’Écosse indépendante pourrait garder la livre sterling dans le cadre d’une union monétaire avec le Royaume-Uni, une hypothèse rejetée par le ministre britannique des Finances George Osborne.
Même flou sur le partage et la taxation des réserves d’hydrocarbures en mer du Nord, certes vieillissantes mais toujours considérables.
– Craintes du secteur pétrolier –
Or si les entreprises de services financiers peuvent toujours envisager de déménager au sud du mur d’Hadrien, cela n’est pas possible pour les compagnies pétrolières présentes en mer du Nord, qui ont le plus vivement exprimé leur crainte d’un changement.
Les patrons de BP et de Royal Dutch Shell se sont ainsi publiquement prononcés en faveur d’un maintien de l’Écosse dans le Royaume-Uni, craignant les coûts d’un processus d’indépendance comme les incertitudes, dans une industrie qui nécessite de lourds investissements sur le long terme.
“Nous voulons savoir de la manière la plus précise possible à quoi ressembleront les conditions d’investissement dans 10 ou 20 ans”, argumentait mercredi soir le directeur général de Shell, le Néerlandais Ben van Beurden.
De quoi satisfaire David Cameron, qui a récemment réuni son gouvernement dans la capitale pétrolière de l’Écosse, Aberdeen, pour souligner à quel point l’industrie pétrolière avait besoin des “larges épaules” du Royaume-Uni pour continuer à investir.
Mais d’autres patrons trouvent à l’inverse des charmes à l’indépendance, qui leur permet au passage de faire passer leurs messages de mécontentement au gouvernement de Londres.
“Si cela arrive, cela sera probablement un événement positif pour British Airways”, a ainsi lâché Willie Walsh, le patron d’IAG, la maison mère de la compagnie aérienne qui porte les couleurs de l’Union Jack à travers le monde.
Ce grand critique de la politique du gouvernement britannique en matière de tourisme et d’investissements espère en effet qu’une Écosse indépendante supprimerait une taxe sur les passagers aériens régulièrement dénoncée par les compagnies.