Bouygues ou Numericable, à qui Vivendi va-t-il marier SFR ?

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élécoms SFR, mise en vente par sa maison-mère Vivendi (Photo : Philippe Huguen)

[07/03/2014 14:48:11] Paris (AFP) Vivendi a reçu deux offres pour l’acquisition de SFR, son principal actif télécom, et doit maintenant choisir entre la proposition de Numericable et celle de Bouygues dont les analystes soulignent l’intérêt au niveau industriel mais qui représente un risque au niveau réglementaire.

Le groupe Bouygues a détaillé jeudi son offre pour le rachat de SFR pour laquelle il propose 10,5 milliards d?euros en numéraire à Vivendi et 46% du capital du nouvel ensemble. Cette offre valorise SFR à 14,5 milliards d’euros “pré-synergies” et à près de 19 milliards en comptant l’intégralité des synergies.

Le cablô-opérateur Numericable et sa maison mère Altice n’ont pas dévoilé leur offre, mais selon une source proche du dossier elle se monterait à 11 milliards d’euros en numéraire avec 32% du capital pour Vivendi. Elle valoriserait SFR entre 14 et 15 milliards, et 19 milliards en comptant l’intégralité des synergies.

“D?un point de vue industriel, un rapprochement entre Bouygues Telecom et SFR aurait du sens”, selon Natixis.

Les deux groupes sont déjà partenaires dans de nombreux projets (fibre, mutualisation de réseau mobile, etc). Les synergies basées sur les réductions de coûts et d’investissement sont donc importantes, selon plusieurs analystes de la place parisienne.

Mais, “le principal obstacle à franchir pour Bouygues est celui des autorités de la concurrence”, souligne Natixis. En effet, “le nouvel ensemble aurait une part de marché clients d?environ 42% dans le mobile (plus qu?Orange) et 45% en valeur. Il serait sur le segment Entreprises la seule alternative à l?opérateur historique, et sa part de marché sur les MVNO (opérateurs sans réseau propre) serait proche de 80%”.

– Fin de la guerre des prix ? –

Pour les spécialistes des banques américaines Bank of America Meryll Lynch, il est donc “peu probable que le régulateur accepte cette fusion alors que la concentration sur le marché serait alors bien supérieure à tout ce qui a été permis jusqu’ici. Et si les dirigeants de Vivendi arrivent à la même conclusion, nous pensons que Vivendi est plus susceptible de choisir l’offre de Numericable”, indiquent-ils.

Selon Deutsche Bank, l’offre de Numericable serait même “au final la plus intéressante pour Vivendi”, car elle y voit également “un réel potentiel de synergies basé en particulier sur les économies substantielles possibles en basculant les lignes fixes de SFR sur le réseau câblé de Numericable, et en réduisant les investissements de SFR dans la fibre”, où Numericable est déjà le premier acteur français.

En plus d’avoir “moins de barrières au niveau de la régulation”, un mariage SFR-Numericable “serait plus rationnel pour le marché des télécoms à long terme, et permettrait un meilleur environnement tarifaire pour tous”, assurent pour leur part les spécialistes de Bernstein Research.

Selon eux, si l’offre d’Altice prévalait, “on supposerait naturellement qu’un rapprochement entre Iliad et Bouygues pourrait se faire. Ce résultat impliquerait une plus grande chance d’arriver à la fin de la guerre des prix, et serait donc plus positive pour le marché”.

Cependant, “l’offre de Bouygues suggère qu’il croit que les autorités françaises (…) deviennent de plus en plus ouvertes à l’idée d’une consolidation”, estiment les analystes de Goldman Sachs.

Une confiance qui semble “surestimée” de l’avis de Oddo Securities pour qui le régulateur, l’Autorité de la concurrence, devrait tout de même avoir le dernier mot.

Mais pour Bernstein Research, Bouygues ne perd rien à s’engager dans cette offre car même s’il ne remporte pas l’affaire, ou est débouté par les autorités de régulation, son offre aura au moins “fait augmenter le prix de SFR” et ainsi, une fois l’acquisition de SFR faite, donné “moins de flexibilité financière à Numericable/Altice”, un de ses principaux concurrents.