ège du Monde à Paris en novembre 2012 (Photo : Fred Dufour) |
[07/03/2014 19:24:32] Paris (AFP) Le Monde, qui fête ses 70 ans cette année, accélère sur le numérique en réorganisant sa rédaction par pôles, en développant son offre pour tablettes et en renforçant le décryptage et l’interaction avec les lecteurs.
“On veut devenir le premier média d’information global. Accroître le contrat de confiance avec nos lecteurs” et “être en phase avec ce dont il a besoin”, a déclaré d’entrée Natalie Nougayrède, la directrice du Monde, lors de la présentation, vendredi, de ces évolutions rédactionnelles.
Pour cela, Le Monde lancera lundi deux innovations éditoriales. Le blog “Les décodeurs”, spécialisé dans les contenus pédagogiques, la vérification des faits (fact checking), leur contextualisation, le traitement des données et leur mise en scène visuelle (datajournalisme) devient une rubrique à part entière composée d’une dizaine de personnes (infographistes, social media editor,…).
Déclinée en plusieurs temporalités et sur tous les supports, des réseaux sociaux au journal papier en passant par le site, la rubrique des “Décodeurs” adoptera les formats du web conçus pour être partagés (gifs animés, images, vidéos, contenus interactifs…) et qui seront au service d’une “information fiable sur des sujets de fond”, explique le journal.
Autre nouveauté, le quotidien du soir mettra en place sur son site internet “les fils de discussion”, un nouvel espace de débats animé par les “social media editors” et les journalistes, en fonction des thèmes, et accessible sur inscription gratuite.
Cet espace d’échange avec les lecteurs, dont l’idée est née des “lives” (directs, NDLR), permettra à la rédaction de “repérer les sujets mal ou pas suffisamment expliqués”, a expliqué Nabil Wakim, le rédacteur en chef du Monde.fr.
– ‘Rédactions agiles et mobiles’ –
Les sujets de ces discussions seront “anglés comme des articles”, a-t-il ajouté. Exemples : “Ukraine: quel rôle la France peut-elle jouer dans le règlement du conflit ?” ou “la cigarette électronique doit-elle être interdite dans les lieux publics ?”.
L’objectif affiché de ces adaptations au numérique est, selon Natalie Nougayrède, “d’aller capter de nouvelles audiences et de les fidéliser”. Sur les différents réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Google+), la marque “Le Monde” revendique 3,9 millions d’abonnés qui ont engendré près de 3 millions de visites en janvier 2014 sur le site internet (+50% sur janvier 2013), selon leurs derniers chiffres.
Hors ventes au tiers, donc uniquement auprès des lecteurs finaux (en kiosque, sur abonnement ou en version numérique), Le Monde affiche en revanche une baisse de 3,62% en 2013 avec 219.265 exemplaires en moyenne par jour.
Par ailleurs, le journal va continuer à développer sur son site internet les vidéos, qui enregistrent plus de 5 millions de vues par mois, et les formats longs mêlant textes, photos et vidéos.
Autre projet majeur pour le quotidien, l’édition numérique pour tablettes du soir, moment où elles connaissent un pic d’audience, est encore en préparation et devrait voir le jour en “avril ou mai”, selon la directrice du journal.
Par ailleurs, des aménagements physiques ont été réalisés au sein de la rédaction. “Il nous faut des rédactions agiles et mobiles. On veut continuer à bouger le centre de gravité de la maison” du print vers le numérique, a expliqué Vincent Giret, directeur délégué des rédactions.
“La rédaction en chef a déménagé au 3ème étage, où se trouvent l’équipe web, les développeurs et le marketing. C’est avec ce rapprochement physique que l’on réinvente des façons de travailler et que l’on fait entrer cette culture numérique”, a-t-il ajouté.
A terme, la rédaction unique sera composée de “centraux”, chacun avec sa rédaction en chef et son pôle d’édition, organisés par supports (web, journal papier, mobile, tablettes et magazine).
Pour mettre en pratique ces évolutions, Le Monde assure qu’il va rester à effectifs constants en réaffectant une cinquantaine de postes vers différents services, dont une bonne partie ira au numérique. Les discussions avec les syndicats, qui craignent un “plan social déguisé”, sont toujours en cours.