évrier 2014 à Manhattan Beach, en Californie (Photo : Robyn Beck) |
[08/03/2014 07:36:40] Los Angeles (AFP) Armé de sa faux, “Krepo” se débarrasse d’un nouvel ennemi et permet à son équipe de remporter une belle victoire dans le jeu “League of Legends”: Krepo est un “athlète” de sport électronique, dont la partie très suivie est retransmise dans le monde entier.
“Krepo” c’est Mitch Voorspoels, un Belge de 23 ans, un as des nouveaux sports virtuels (“eSport”). Un monde dont les champions, souvent jeunes, ne voient pas beaucoup le soleil, et s’affrontent à coups de clics et de tactiques savantes par écrans interposés.
“League of Legends”, lancé en 2009 par Riot Games, est devenu l’un des jeux en ligne les plus courus du moment. Mais ses champions remplissent des stades et leurs fans sont prêts à camper toute une nuit pour acheter des billets pour y assister.
“Le jeu au niveau professionnel tente depuis des années de gagner en reconnaissance et soudain l’engouement se répand comme une traînée de poudre”, constate Scott Steinberg, analyste de longue date dans le monde du jeu vidéo et aujourd’hui manageur général de la société Phoenix Online Publishing.
Dès la fin de la partie, disputée devant des milliers de spectateurs à Los Angeles, les amateurs de “League of Legends” submergent Mitch de demandes d’autographes et de photos.
“Jouer à League of Legends a fait de moi une sorte de célébrité”, sourit le jeune Belge après avoir signé son quota d’autographes et posé pour des dizaines de photos. “Je ne pense pas que les joueurs professionnels auraient pu rêver de cela à leurs débuts”.
Mitch Voorspoels a commencé à jouer à l’université parce que le jeu est gratuit et que les parties, dans lesquelles les équipes de cinq joueurs s’affrontent pour capturer les bases adverses, ne durent pas trop longtemps.
“En gros, c’est un massacre qui dure de 30 à 40 minutes au cours duquel les joueurs s’entretuent pour entrer dans les bases des adversaires”, explique Mitch Voorspoels. “A haut niveau cela devient plus tactique, une vraie partie d’échecs, et vous voulez être plus malin que vos adversaires”.
– Un million de dollars –
Ce passe-temps a rapidement pris le pas sur ses études d’ingénieur et Mitch a abandonné son cursus pour devenir joueur professionnel de “League of Legends”, soutenu par des sponsors.
à Manhattan Beach, en Californie, le 22 février 2014 (Photo : Robyn Beck) |
Le jeu jouit d’un tel engouement qu’un championnat mondial a été lancé, parrainé par le géant Coca-Cola, et les meilleurs joueurs sont traités comme des sportifs de haut niveau.
L’an dernier, le département d’Etat a ainsi accordé aux meilleurs joueurs des visas pour leur permettre de venir s’entraîner et jouer aux Etats-Unis, identiques à ceux donnés aux athlètes de haut niveau en football, basket, baseball ou hockey.
L’équipe internationale à laquelle appartient Voorspoels vit dans une maison sur la côte de Los Angeles. Un coach les entraîne pour qu’ils soient prêts à l’action.
Un prix d’un million de dollars est en jeu pour la grande finale du championnat qui oppose les meilleures équipes nord-américaines, européennes et asiatiques. Le championnat est dominé par les Sud-Coréens, selon les joueurs et les fans.
La dernière finale s’est disputée au Staples Center à Los Angeles, où les 18.000 sièges ont été pris d’assaut en moins d’une heure.
Les matches se disputent sur une scène, ils sont retransmis sur des écrans géants et les téléspectateurs du monde entier peuvent également y assister via Youtube et Twitch TV, qui gère les jeux en ligne des consoles Playstation 4 et Xbox One.
Outre les images d’affrontements sur des champs de bataille virtuels, des caméras sont braquées sur les visages des joueurs pour évaluer leurs réactions et des commentateurs survoltés analysent les débats.
Pour Matthew DiPietro, vice-président de Twitch, les nouveaux eSports sont à mettre au même niveau que les sports traditionnels: ils requièrent concentration, entraînement, talent et rapidité mentale.
“Vous pouvez regarder une partie comme un match de foot, avec des vedettes que vous encouragez et des parias que vous allez huer”, explique-t-il.
Plus de 67 millions de personnes jouent chaque mois à “League of Legends”, avec des pics de plus de 7,5 millions de joueurs simultanés aux heures de pointe, selon Riot, qui ne donne pas de chiffres sur ses revenus.
Beaucoup de joueurs rêvent de devenir professionnels mais les carrières sont courtes, deux à trois ans en général. Des joueurs malins parviennent à financer ainsi leurs études ou d’autres projets. Mais de nombreux aspirants sont renvoyés à la vie civile après quelques échecs.
“C’est un monde impitoyable. Beaucoup de monde voudrait prendre notre place. Il y a beaucoup de pression, surtout quand vous n’êtes pas en veine”, conclut Mitch Voorspoels.