«Près de 27 mille emplois directs seront perdus, en 2014, en cas d’arrêt des activités du secteur des phosphates à cause des protestations». C’est ce qu’a déclaré Kamel Bennaceur, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines.
Au cours d’un débat en séance plénière, organisé vendredi à l’Assemblée nationale constituante (ANC), le ministre a indiqué que les quantités de phosphates produites, au cours des deux premiers mois de 2014, ne permettront pas d’atteindre les prévisions pour l’année en cours (5,5 millions tonnes).
Il a précisé que l’arrêt de la production du bassin minier de Gafsa pendant 10 jours paralysera l’activité des unités de production du Groupe Chimique Tunisien (GCT), outre l’exportation, et causera une régression des recettes financières du pays.
3 milliards de dinars de pertes en 2013
Le ministre a, par ailleurs, souligné que les réserves stratégiques du GCT, estimées en 2010 à 7 millions de tonnes, n’atteignent actuellement que 2 millions de tonnes, à cause de leur utilisation (réserves) pour couvrir la baisse de la production de phosphates.
Pour la Tunisie, l’arrêt de la production a causé des pertes de 3 milliards de dinars, au cours des trois dernières années (2011/2013), selon lui, ajoutant qu’au niveau international, l’image du pays a été ternie et ses parts de marché sont passées de 4,5% à 3,2%.
A rappeler qu’en 2010, la Tunisie a exporté 8 millions tonnes de phosphates, contre 3 millions tonnes en 2013.
A noter par ailleurs que plusieurs méga-projets énergétiques sont en arrêt à cause des sit-in et des protestations. De fait, M. Bennaceur a appelé les constituants et les citoyens à appuyer la réalisation de ces projets pour répondre aux besoins en énergie et créer des emplois.
D’ailleurs, a-t-il ajouté, les travaux de réalisation du projet de pipeline gazier Djerba/Zarzis (gouvernorat de Médenine), ayant atteint 95%, sont en arrêt à cause des revendications des citoyens. La même situation est observée au niveau du projet visant l’approvisionnement en gaz du bassin minier et de Gafsa (taux de réalisation 87%).
Plan stratégique pour circonscrire déficit budgétaire
M. Bennaceur a présenté des données sur la production de pétrole et de gaz et la subvention des hydrocarbures, ainsi que la stratégie de son département visant à circonscrire le déficit budgétaire, au cours des prochaines années.
La Tunisie qui produit 60 mille barils de pétrole par jour, contre 77 mille barils, au cours de l’année 2010, dispose de réserves pétrolières ne couvrant que les 18 prochaines années, a-t-il encore précisé.
Au cours de l’année 2014, le déficit énergétique a atteint 3 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) ce qui a causé une hausse de la subvention (subvention directe de 2500 millions de dinars inscrites dans le cadre du budget 2014).
Le taux de réussite des opérations de prospection en Tunisie oscille entre 10% et 18%, alors qu’il est de l’ordre de 80% en Arabie Saoudite, par exemple.
Il a précisé que pour 100 barils extraits dans le cadre des contrats d’exploitation, la part de la Tunisie est estimée à environ 79 barils de pétrole brut, un des taux les plus élevés au niveau mondial, selon ses dires.
Hausse de 2% du coût de la construction…
Actuellement, le ministère de l’Industrie œuvre à achever, d’ici la fin du mois de juin 2014, la levée de la subvention dans le secteur du ciment et la libéralisation des prix de vente de ce produit aux consommateurs.
Selon les estimations du ministre, la levée de la subvention dans le secteur du ciment (230 millions de dinars) causera une hausse de 2% du coût de la construction en Tunisie.
L’élu, Abdrrazek Khallouli, a pour sa part estimé que les chiffres présentés par le ministère ne sont pas actualisés, appelant à auditer davantage les données sur le secteur de l’énergie et à sanctionner les corrompus.
Les constituants Azad Badi, Romdhane Doghmani et Hicheme Ben Jamaâ ont évoqué la question de la corruption dans le secteur de l’énergie, alors que Saâd Bouîch souligne la question de la non participation des responsables de la région de Tataouine dans le projet de concession «Nawara» pour la production du gaz naturel.