On ne parle que d’eux! Il faut dire que les images de ce meeting concocté par l‘inamovible Hamed Karoui à l’occasion de la commémoration du 2 mars 1934 ont été frappantes! Pardi! Il a réussi le tour de force de nous livrer un instantané de l’avant 14 janvier au complet. Mais que veulent ses têtes d’affiches fatiguées et fatigantes dans la Tunisie d’aujourd’hui? Croient-ils vraiment que la mémoire des Tunisiens est à ce point défaillante?
Il y avait comme une odeur de formol qui se dégage de la vidéo… Hamed Karoui, président du Mouvement Destourien, a sonné le rappel de tous. Abdallah Kallel, Chedly Naffati, Hedi Jilani, Sadok Rabeh et j’en passe, se sont réunis pour nous dire qu’ils sont toujours là et qu’ils se présentent même comme les dépositaires du Mouvement destourien, et réformistes de la Tunisie et qu’ils réclament leur droit … à la politique!
Que ces messieurs disputent à BCE et à Nida Tounes la clientèle destourienne et bourguibiste, on peut fort bien le comprendre et on peut les renvoyer dos à dos s’entretuer là où ils veulent et que le meilleur gagne. Mais qu’ils croient en toute franchise pouvoir nous fourguer ces caciques du RCD, ces ténors des meilleurs jours du régime de Ben Ali comme parti d’une future scène politique tunisienne, là les choses ne vont pas de soi.
Sans verser dans les théories d’exclusion façon Raouf Ayadi et autres, il y a des vérités difficiles à cacher et des passés difficiles à oublier. Le RCD était effectivement l’héritier du feu PSD et de son idéologie bourguibienne du Zaïm, leader incontestable et supra humain, qui gouvernait le pays comme un monarque absolu. Ce RCD a renforcé le caractère dictatorial et policier du régime et a permis d’éliminer, sans aucune contestation en son sein, toute voix discordante. Ceci a permis à Ben Ali et son clan familial de prendre le pays et son économie en otage pendant plus de 23 ans dont plus de 10 ans sous la fêlure de Hamed Karoui lui-même.
Les régions oubliées, la jeunesse sacrifiée, les richesses spoliées, la corruption généralisée, le népotisme éhonté, les passe-droits érigés en système… ne sont pas une invention de l’esprit. Nous les avons vécus et subi des années durant et même si le bourguibisme et le régime de Ben Ali ont édifié l’Etat, ils l’ont fait par notre travail, par nos richesses, par notre intelligence et par nos sacrifices. Alors qu’ils n’essayent pas aujourd’hui de se forger une virginité qui ne leur sied pas du reste!
Nous attendons de ceux qui ont gouverné avec Ben Ali, pour Ben Ali et par Ben Ali, de prendre la parole en toute franchise pour d’abord dire la vérité sur ce qui s’est passé, ensuite pour demander pardon au peuple tunisien pour tout ce dont ils sont responsables directement et indirectement par leur silence ou par leur complicité! Ensuite, ils peuvent aller, comme a dit Bourguiba à son Premier ministre Bahi Ladgham, cultiver leur jardin en toute tranquillité.