Les villages abandonnés de Galice en quête d’une nouvelle vie

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é de A Barca, sur les rives du Miño, le 18 février 2014 (Photo : Miguel Riopa)

[09/03/2014 16:06:05] Cortegada (Espagne) (AFP) Tapissés de mousse et de lierre, enfouis sous une nature envahissante, les murs de pierre de l’ancien village galicien de A Barca, sur les rives du Miño, attendent, comme des milliers de hameaux abandonnés en Espagne le nouveau propriétaire qui les fera revivre.

Les douze maisons en ruines, étalées sur 31.000 mètres carrés à flanc de colline, dans cette région accidentée proche de la frontière portugaise, sont à saisir “pour zéro euro”, explique Avelino Luis de Francisco Martinez, le maire de Cortegada, le village dont dépend A Barca.

En échange, le repreneur devra présenter “un projet global, qui intègrera la totalité des maisons”.

Les premières traces connues du village remontent au XVème siècle. Dans les années 1960, ses habitants ont dû l’abandonner pour permettre la construction d’une retenue d’eau, qui a noyé leurs terres.

Des candidats à la reprise se sont déjà fait connaître. Mais le maire ne cache pas que sa préférence irait à un complexe touristique, “qui ferait vivre des gens du village et des entreprises locales”.

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ée (Photo : Miguel Riopa)

Comme cette localité de Galice, une région sauvage du nord-ouest de l’Espagne où les somptueux paysages de montagne côtoient les prairies verdoyantes, plusieurs milliers de villages abandonnés espèrent ressusciter entre les mains de nouveaux propriétaires, à la recherche de lieux singuliers pour s’installer, travailler ou simplement profiter d’un cadre de vie privilégié.

“Nous avons comme clients beaucoup d’écrivains, de peintres, ou bien des professionnels du tourisme rural”, remarque Rafael Canales, directeur du site aldeasabandonadas.com (villagesabandonnés), qui se consacre à la vente de ces lieux originaux, la plupart situés dans le nord de l’Espagne.

“L’Institut national de la statistique a recensé environ 2.900 villages abandonnés, dont plus de la moitié en Galice et dans les Asturies”, ajoute Rafael Canales.

“Nous avons localisé 400 villages abandonnés” dans la seule partie est de la Galice, souligne Mark Adkinson, le directeur de Galicianrustic.com, un autre site équivalent.

Installé à Rabade, à 150 kilomètres au nord de Cortegada, ce Britannique explique qu’après avoir repéré un village, il se met à la recherche des propriétaires. Une mission parfois difficile, voire impossible: les titres de propriété ont souvent disparu, les propriétaires sont parfois décédés et certains héritiers ignorent même l’existence de ces biens.

“Il arrive aussi que les propriétaires eux-mêmes viennent nous trouver et proposent leurs biens”, raconte Mark Adkinson, qui a remarqué “une augmentation des ventes” de ce genre de biens.

– Beaucoup d’étrangers –

Ces villages abandonnés séduisent en particulier les étrangers. Comme Neil Christie, un Britannique de 60 ans.

Jeune retraité, il a acheté un ensemble de trois maisons et un grenier à grain, bâti sur des piliers de pierre, une construction typique de Galice et des Asturies, ainsi que le terrain attenant: le tout forme le hameau de Arruñada, à moins de 30 kilomètres de la côte atlantique, à la limite entre les deux régions.

Le décor, parsemé d’autres hameaux, est fait ici de vertes prairies et de bois. “Je voulais fuir le stress de Londres”, témoigne Neil Christie, qui a déboursé 45.000 euros pour l’ensemble.

“Ce n’était qu’un tas de ruines. Mais jamais je n’aurais pu me payer quelque chose de semblable en Angleterre”, reconnaît-il. “C’est une région très jolie. Les gens sont très gentils. Il y a une vraie qualité de vie”.

Neil Christie s’est installé dans les environs et, depuis quatre ans, à lui tout seul, il s’est lancé dans la restauration de la maison principale où il espère pouvoir vivre à la fin de l’année.

Les Britanniques sont parmi les étrangers qui s’intéressent le plus à ce genre de propriétés. Il y a aussi des Norvégiens, des Américains, des Allemands, des Russes et même des Mexicains, selon l’agent immobilier Jose Armando Rodil Lopez.

“En général, quand on franchit la barre des 80.000 euros, les acheteurs potentiels sont étrangers”, remarque-t-il, en faisant découvrir le hameau de Pena Vella, près de la localité de Pontenova, à quelques kilomètres d’Arruñada, en vente pour 62.000 euros.

Ce sont aujourd’hui cinq maisons de pierre, aux fenêtres de bois fermées et aux toits en ardoise, envahies par les ronces et les plantes grimpantes. “Une famille vivait là. Les uns fabriquaient des couteaux, les autres étaient charpentiers ou agriculteurs”.

Pena Vella n’attend plus qu’un ou plusieurs acheteurs qui ressusciteront cet ensemble de 13.000 mètres carrés, entouré de pins et d’eucalyptus.