Je suis et je reste régulièrement surprise des réactions des gens lors de mes odyssées africaines; car et de pire en pire, l’Afrique subsaharienne se clochardise, se paupérise, et ce au nom d’une démocratisation que les dirigeants auraient instaurée et qu’ils annoncent avec satisfaction à qui veut bien les entendre. Et encore une fois, entre ces démocratisations de façade, voulues voire exigées par les pays dits développes –qui ignorent tout du rôle de l’arbre à palabres-, et la profonde réalité du pays qu’on traverse, il y a un gap abyssinnal… Pas ou très peu d’eau, pas de routes, pas d’électricité, des logements rudimentaires, et je ne sais quoi d’autre décrire vu que souvent la réalité dépasse la fiction.
Et pendant que le monde rural et les ceintures urbaines des villes s’enfoncent dans une misère que j’oserai appeler noire, ce qui est arrivé chez nous depuis le 14 Janvier 2011 et le combat qui s ensuivit -combat mené par la société civile tunisienne devant cette épidémie nahdhaouie-, société qui avait dégagé son président dans des conditions quasi ubuesques, eh bien ces combats de toutes sortes et cette société font rêver plus d’un et laisser une lueur d’espoir auprès de ces gens qui étaient prêts à jeter l’éponge devant l’ampleur de la misère envahissante, et nombreux sont disposés, maintenant, à remplacer l’éponge par un pavé, à jeter dans la mare de l’indifférence sociopolitique au grand effroi des dirigeants en place.
Car dans ces pays, le mécanisme est bien huilé, une équipe plus ou moins réduite, bien formée dans les universités européennes, dirige avec la baraka des anciens colons qui sont toujours très actifs et le système mis en place fait de telle sorte que le peuple ou la masse qui se situe à l’intérieur des frontières tracées par une histoire pas toujours resplendissante, est et reste marginale, analphabète, ignorante, soumise, obéissante et inculte, et ce malgré tous les plans d’ajustement structurels –une sorte de mise au PAS- les dons, les crédits et autres faisabilités insufflés par des organismes de financement dont l’opacité devient grandissante…
Et voilà que ce rayon de lumière dans la nuit du sous-développement venu du pays d’Alyssa a redonné espoir aux gens même dans les tréfonds de ces pays, et souvent il faut presque remercier Al Jazeera et les autres chaînes satellitaires qui ont permis, grâce à une batterie, de suivre ce qui se passait à la minute près dans notre pays, et ils se mettent à rêver.
Alors les politiciens de tous bords –je suis prête à y intégrer tous ceux qui ont tiré les leçons que donne l’histoire régulièrement– ne décevez pas ces gens-là et aussi et surtout ne nous décevez pas et menez le pays à bon port.