ée nationale (Photo : Patrick Kovarik) |
[11/03/2014 08:25:00] Paris (AFP) Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a estimé mardi que la baisse des prix de la téléphonie mobile, chiffrée à 30% en deux ans, constituait un “acquis irréversible”, alors que le secteur est à la veille d’une recomposition.
Vivendi, qui souhaite se désengager du secteur, a reçu deux offres de reprises pour sa filiale SFR: l’une émanant de Bouygues Telecom, l’autre de Numericable. Pour esquiver d’éventuels problèmes de concurrence, Bouygues prévoit, s’il était retenu, de céder ensuite son réseau d’antennes et des fréquences de téléphonie mobile à son concurrent Free (Iliad).
Les associations de consommateurs craignent que le retour de quatre à trois opérateurs n’entraîne une hausse des prix.
“Le moment est venu d’organiser la renaissance du secteur des télécoms. Je ne crois pas que ça se fera au détriment des consommateurs. Les prix ont baissé de 30%, c’est un acquis irréversible”, a déclaré M. Montebourg sur RTL.
Selon lui, “le fait que, dans cette opération, Free sorte renforcé, continue à être le trublion –dont l’identité est quand même de faire baisser les prix et de servir les consommateurs et d’éviter les rentes– est pour nous une garantie d’une concurrence saine et loyale”.
Et “ça va nous permettre de +fibrer+ (installer des câbles en fibres optiques) la France”, a relevé le ministre. “On ne veut pas lever des impôts pour financer ça, on va demander aux opérateurs de financer ces investissements sur la base d’une rentabilité de très long terme”.
Un retour à trois opérateurs ne va pas créer de situation de monopole, a-t-il fait valoir. En revanche, selon lui, un statu quo à quatre opérateurs implique “des opérateurs qui sont fragiles”.
C’est également “le risque de perte de contrôle des télécoms avec un étranger qui viendrait faire son shopping en Europe. Et nous avons besoin que ces grandes entreprises croissent, se renforcent pour investir dans la fibre”, a expliqué le ministre, estimant à 30 milliards d’euros les investissements nécessaires dans les dix prochaines années pour déployer la fibre.
“Free est encore là” et dit qu’il va “continuer à lutter pour des prix bas”, a relevé M. Montebourg. La baisse des prix est un “acquis préservé”. “Il n’y a pas de raison que ça remonte. (…) Si les prix ne baisseront plus, je pense qu’ils ne remonteront plus”.
Interrogé sur les éventuelles conséquences sur l’emploi, M. Montebourg a lu l’extrait d’un courrier qui lui a été adressé lundi par le patron de Bouygues, Martin Bouygues.
“Nous nous engageons à ne procéder à aucun licenciement collectif, plan social, plan de départ volontaire”, a écrit M. Bouygues.
Pour M. Montebourg, il s’agit d’un engagement qui “lui sera opposable et le gouvernement utilisera cet engagement pour ne pas homologuer des plans sociaux qui viendraient”. Il aura “valeur juridique” si Bouygues devait être choisi.
Dans son courrier, M. Bouygues s’engage également à investir 2 milliards d’euros sur les réseaux fixes et mobiles, et à augmenter les capacités d’investissement dans les nombreuses start-ups du numérique.
“Vivendi va choisir qui il veut” mais “nous avons une préférence d’intérêt général qui est de dire que la consolidation, qui a commencé dans tous les pays européens, est nécessaire”, a précisé M. Montebourg, affichant une nouvelle fois son soutien à une reprise de SFR par Bouygues.
Si Vivendi devait choisir Numericable, “on s’inclinera”, a-t-il indiqué, rappelant que l’Autorité de la concurrence se penchera sur le dossier. “Nous n’avons pas à nous positionner autrement que par rapport à l’intérêt général”.
Au sujet de cette candidature, le ministre a souligné que Numericable était une “holding au Luxembourg, cotée à la Bourse d’Amsterdam, avec une participation personnelle du principal dirigeant à Guernesey et qu’il est lui-même résident en Suisse”.