«Une entreprise étrangère spécialisée a proposé ses services pour récupérer les avoirs de la Tunisie spoliés et placés à l’étranger», C’est Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui l’a affirmé lundi, lors d’une séance d’audition, organisée par la Commission de réforme administrative et de lutte contre la corruption, relevant de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC). Il a indiqué que la BCT œuvre, en coordination avec le ministère de la Justice et le gouvernement, à examiner cette offre.
L’entreprise concernée a réclamé un milliard de dollars d’avance avant le démarrage de la procédure de récupération, a-t-il affirmé, ajoutant que cette offre a été rejetée par la BCT.
La société a présenté une deuxième proposition consistant à obtenir la même somme (un milliard de dollars) après la restitution de l’argent spolié, a précisé le gouverneur de la BCT.
Il a indiqué que la difficulté de trouver les traces des comptes bancaires et l’utilisation de sociétés écrans pour se camoufler nécessite une action politique et diplomatique outre l’action judiciaire. Il s’agit, également, d’intégrer la commission de restitution au sein du Parlement afin de conférer davantage d’efficacité à ses actions, a-t-il proposé.
S’agissant des étapes atteintes pour la restitution des avoirs spoliés, M. Ayari a affirmé que la femme du président déchu a fait appel devant les tribunaux libanais concernant le jugement qui a permis à la Tunisie de récupérer 30 millions de dollars.
La France, a-t-il dit, a dernièrement nommé un juge auprès de son ambassade à Tunis, chargé du dossier de la restitution des avoirs tunisiens spoliés, précisant que ce juge servira de relais entre les justices tunisienne et française. Selon M. Ayari, les autorités allemandes ont reconnu l’existence d’un seul bien immobilier appartenant à un membre de la famille du président déchu.
La Grande-Bretagne a, pour sa part, annoncé une opération de transfert de fonds effectuée par une société anglaise au profit d’entreprises écrans, dont les propriétaires ont été dévoilés grâce à la coopération entre la justice tunisienne et celle anglaise.
Le gouverneur de la BCT a en outre indiqué que la Suisse a levé le gel des quatre comptes bancaires appartenant à deux membres de la famille du président déchu (les noms n’ont pas été divulgués par les autorités suisses).
«Le montant non officiel des fonds spoliés et placés en Suisse varie entre 60 et 70 millions de francs suisses», a déclaré M. Ayari.
Il a par ailleurs annoncé la visite d’une délégation gouvernementale canadienne en Tunisie, dont l’objectif est de mettre en place les bases d’une coopération juridique entre les deux pays.
WMC/TAP