Face à la concurrence, Lufthansa poursuit la rénovation de son offre

7be6d7b42a2d5eab7a17e8c37b7306a5ff76efec.jpg
à Berlin le 9 février 2011 (Photo : Lukas Kreibig)

[12/03/2014 11:11:28] Francfort (AFP) Engagé dans un vaste plan d’économies qui commence à porter ses fruits, le géant européen du transport aérien, l’allemand Lufthansa, mise sur une rénovation de son offre économique pour contrer la concurrence et soigner ses marges financières.

Le groupe, qui doit publier jeudi ses résultats financiers pour l’année 2013, a annoncé la semaine dernière l’introduction progressive d’une nouvelle classe économique “premium” sur les vols long-courriers de sa marque Lufthansa, sa principale compagnie en terme de trafic et de revenus.

Une décision reportée à plusieurs reprises et qui a donné lieu à d’interminables débats au sein du groupe, inquiet d’un phénomène de cannibalisme vis-à-vis des autres classes proposées à bord de ses avions.

Mais avec l’introduction récente d’une nouvelle classe affaires “full flat”, qui permet de déplier le siège à l’horizontal, Lufthansa a creusé l’écart entre son offre grand public et celle haut de gamme, dégageant ainsi l’horizon pour une classe intermédiaire.

La classe économique “plus”, qui permettra de bénéficier de 50% d’espace en plus par rapport à la classique et de prestations supplémentaires à bord, “sera un produit très rentable”, a promis Jens Bischof, directeur commercial de la compagnie.

Un aller-retour vers l’Amérique du Nord ou l’Asie devrait coûter en moyenne 600 euros de plus par passager.

Lufthansa s’aligne ainsi sur la stratégie déjà choisie par une quarantaine d’autres compagnies aériennes, dont Air-France KLM et British Airways, qui escomptent profiter de généreuses marges sur ce type de services pour des coûts supplémentaires limités.

Conjuguée à d’autres initiatives, telle que la mise à disposition d’une connexion internet rapide sur les vols long-courriers pour l’envoi de SMS ou emails, cette décision marque en outre un pas de plus dans la modernisation promise par le groupe allemand pour conquérir de nouveaux clients.

-“Germanwings pas compétitive”-

Lufthansa se trouve “dans une situation difficile, avec des marges faibles et des objectifs pour 2015 qui suscitent de fortes attentes”, explique Jürgen Pieper, analyste spécialisé de la banque Metzler.

Malmené à la fois par la concurrence des compagnie low-cost et de celles du Golfe, le groupe, qui a transporté l’an passé quelque 106 millions de passagers, est engagé dans son plus vaste plan de restructuration depuis deux décennies, le tout dans un contexte de grèves à répétition au sein de la branche et de nouvelles réglementations plus contraignantes.

Ce programme baptisé SCORE et court jusque 2015, passe notamment par la suppression de 3.500 postes. Il se traduit également par un renouvellement de la flotte au profit d’appareils plus grands et moins gourmands en kérosène.

Le groupe, qui avait promis de réaliser 740 millions d’euros d’économies brutes en 2013, est attendu au tournant par les analystes sur l’avancée de ces coupes, souligne M. Pieper.

“En 2013, les effets de ce programme ont commencé à être visibles”, même s’ils ont été en partie masqués par “la pression de la rentabilité, les coûts de carburant et des effets exceptionnels”, relèvent dans une note les analystes de la banque britannique Barclays.

Pour autant, le groupe aérien n’est pas encore sorti d’affaires et son nouveau patron Carsten Spohr, le chef de la division passagers qui succèdera à Christoph Franz le 1er mai, prendra les commandes en zone de turbulences.

“En Europe, la nouvelle version de Germanwings (filiale de Lufthansa, ndlr) n’est pas compétitive en termes de coûts avec les autres compagnies low-cost et risque de voir ses parts de marché s’éroder à moyen terme”, estiment les analystes de Barclays.

D’autant que le britannique easyJet ne fait pas mystère de ses ambitions sur le marché allemand et se voit en mesure de tailler des croupières à Lufthansa dès cette année.

Quant au marché du long-courrier, la compagnie “Turkish Airlines relie désormais douze villes allemandes et, si Lufthansa ne parvient pas à trouver un partenaire, elle pourrait représenter une plus forte menace pour les activités à l’est de Lufthansa que n’importe quelle compagnie du Golfe”, ajoutent-ils.