Pacte : une concentration des allègements sur les bas salaires “inacceptable” pour le Medef

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ésident du Medef Jean-François Pilliard à Paris le 28 février 2014 (Photo : Thomas Samson)

[12/03/2014 11:56:45] Paris (AFP) Le vice-président du Medef, Jean-François Pilliard, estime qu’une concentration sur les bas salaires des allègements prévus dans le cadre du pacte de responsabilité, évoquée par Jean-Marc Ayrault, serait “inacceptable”, dans un entretien accordé mercredi aux Echos.

Pour le numéro deux du Medef, concentrer les aides sur les bas salaires “serait inacceptable” car cela n’aurait aucun effet sur la compétitivité des entreprises. Cette hypothèse se situe selon lui “dans une vision à court terme” qui aboutirait “à ce que notre pays continue à se replier sur lui-même, sans ambition internationale”.

Les contours du pacte de responsabilité, qui prévoit une baisse du coût du travail pour les entreprises contre des embauches, se précisent: le gouvernement prévoit un maintien des 20 milliards d’euros du Crédit impôt compétitivité emploi (CICE), auquel s’ajouteraient 10 milliards d’allègements de cotisations sociales, soit 30 milliards d’ici à 2017, a indiqué mardi l’entourage de François Hollande à l’AFP.

Ces 10 milliards seront répartis entre hauts et bas salaires, a-t-on précisé. “Il y aura sur les 10 milliards un effort pour les bas salaires pour favoriser l’emploi, mais pas seulement car on veut avoir aussi un effet sur la compétitivité. C’est un mix compétitivité-emploi”, a-t-on ajouté.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait lui annoncé jeudi que la baisse du coût du travail se concentrerait “principalement” sur les bas salaires. Les économistes estiment que c’est en allégeant le coût du travail sur ces bas salaires que l’impact sur l’emploi est le plus fort. Le ministre du Travail Michel Sapin avait lui aussi fait valoir dimanche qu'”en faisant diminuer le coût du travail sur les plus bas salaires, nous irons dans le sens d’un maximum de création d’emplois”.

Jean-François Pilliard défend lui un scénario qui prévoit le maintien du Cice et “la mise en oeuvre d’une baisse supplémentaire d’au moins 10 milliards d’euros sur les cotisations patronales (pour financer la branche, NDLR) famille sur tous les salaires, ce qui facilitera le développement des entreprises sur les marchés mondiaux”.

“Rien n’est tranché”, le dialogue avec le gouvernement “doit se poursuivre”, insiste-t-il. De fait, les discussions informelles entre l’exécutif et les organisations syndicales et patronales, dont les revendications divergent, continuent. Mais l’exécutif fera “connaître très rapidement les allègements du coût du travail”, a indiqué mardi François Hollande, qui avait proposé ce pacte de responsabilité aux employeurs.

Quant à la possibilité pour les patrons de répercuter librement ces allègements de charges en distribuant des dividendes, défendue par le président du Medef Pierre Gattaz, Jean-François Pilliard enfonce le clou: “Il serait stupide de dire que tout ira aux actionnaires, comme il est stupide de dire que rien ne doit leur revenir. Ils ont pris des risques et doivent être récompensés”, dit-il.