Néjib Mrad, député nahdhaoui, connu pour ses coups de gueule, pour la plupart déplacés, s’attaque aujourd’hui à la communauté d’affaires rappelant des prêts contractés, il y a des années et non «remboursés» d’après ses déclarations. Il aurait mieux fait d’exiger le point sur le patrimoine des ministres nahdhaouis qui ont gouverné le pays à leur prise du pouvoir et au sortir présumé du pouvoir.
Au vu de ses interventions intempestives, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) ne pouvait pas, bien entendu, ne pas réagir.
Car le rapporteur de la Commission sur la réforme administrative et le conseil anti-corruption à la Constituante a commencé réellement à croire qu’il est Dieu sur terre, il devrait se réveiller et balayer devant les portes de ses disciples avant de s’attaquer aux autres. Car, à supposer que la machine des investigations commençait à approfondir ses enquêtes à propos des acquisitions de nombre de Nahdhaouis ces trois dernières années, il devrait s’attendre à de très mauvaises surprises ce qui, éventuellement, calmera ses ardeurs revendicatrices et mettra fin à son arrogance du reste injustifiée.
A ce propos, et comme désormais de tradition, le mouvement Ennahdha a sorti un communiqué indiquant que les déclarations en question expriment la position personnelle du député en tant que membre de la Commission de lutte contre la corruption.
L’UTICA a, pour sa part, exprimé sa ferme condamnation des déclarations de Néjib Mrad lesquelles révèlent une mauvaise foi évidente, si ce n’est une volonté délibérée de détourner l’opinion publique de l’échec du gouvernement partant pour l’orienter vers la communauté d’affaires. Ennahdha ou encore ses plus ardents défenseurs sont passés maîtres dans l’art des divisions et des «fitans» n’épargnant ni les classes sociales, socioprofessionnelles et encore moins les régions. Et en matière de pillage de peuple, à supposer que ce soit vrai, au moins il y en a qui ont «pillé le peuple et créé des richesses» contrairement à ceux qui ont pillé le peuple, créé le terrorisme, développé la contrebande et débauché même des commis de l’Etat dans la logique du vivre et laisser vivre. A tel point que la Tunisie croule sous les armes et les produits de contrebande qui menacent aussi bien sa sécurité économique que la sécurité des populations tout court.
Mais sur cela, le sieur Néjib Mrad ne s’attarde pas. Tout au contraire, il omet, lui, monsieur anticorruption, de parler du triste héritage issu des pratiques malsaines de ses congénères et qui ont fleuri sur toutes les frontières tunisiennes aujourd’hui classées hors-la-loi.
Il veut par contre détruire la notoriété d’entreprises cotées en Bourse et occupant une place privilégiée dans le tissu entrepreneurial tunisien. L’UTICA ne devrait pas se contenter de condamner pareils propos venant d’un député du peuple censé protéger les intérêts de la Nation, mais devrait le traîner devant la justice pour en faire un exemple. Car son immunité ne devrait pas l’autoriser à détruire un tissu économique fragilisé par la contrebande, les pressions sociales, les grèves et les allégations diffamatoires des énergumènes de son genre.
Les anges n’existent que dans la sphère céleste, il y a des députés corrompus, des hommes d’affaires corrompus, des commis de l’Etat corrompus, des médecins corrompus, des syndicalistes corrompus et des politiciens corrompus. La liste est longue, mais de là à généraliser et axer ses discours venimeux sur la communauté d’affaires seulement, cela prouve que l’objectif est plus vicieux que cela. Il vise à bloquer toutes initiatives de redynamisation de l’investissement privé dans le pays et à paralyser la machine productive et créatrice de richesses.
Peut-être que le chaos lui profiterait à lui et à ses disciples pour reprendre un pays tombé en miettes et en faire ce qu’ils veulent après avoir tout fait pour désintégrer ses institutions et fragiliser l’Etat.
Il est grand temps que le peuple comprenne que les attaques incessantes contre les créateurs de richesses dans le pays vont finir par le mettre à mort et que, à terme, ce sont des centaines de milliers de nouveaux chômeurs qui remplieraient rues et avenues et pourraient s’attaquer aux acquis des uns et des autres.
Il est aussi du devoir de l’UGTT en tant qu’organisation patriote de maintenir et discipliner ses troupes en levant sa protection sur ceux qui font du zèle car il ne s’agit pas autant de corporatisme aveugle que de l’intérêt de la Tunisie.
Cessons ces rapports de forces que nous voulons imposer de part et d’autre. La Tunisie défend aujourd’hui sa survie contre de nouveaux fléaux tels les intérêts partisans, la contrebande, les mafias de l’argent, de la drogue et des armes. Ce sont nos nouveaux ennemis.
Alors M. Mrad, si vous vous occupiez un peu de ces maux, ne croyez-vous pas que vous servirez mieux le pays?