Mia Electric : appel contre la liquidation, des repreneurs intéressés

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usine de Cerisay, le 2 septembre 2011 (Photo : Alain Jocard)

[14/03/2014 19:18:12] Bordeaux (AFP) La présidente du fabricant de voitures électriques Mia Electric, Michelle Boos, a interjeté appel du placement en liquidation judiciaire de la société prononcé mercredi, alors que selon la présidente de la région Poitou-Charente des repreneurs se sont déjà manifestés.

“J’ai fait appel et mon avocat a prévenu le liquidateur”, a déclaré Michelle Boos à l’AFP, précisant qu’elle disposait d’un “business plan” pour sauver l’entreprise basée à Cerizay (Deux-Sèvres) qu’elle présenterait à la cour, composée de magistrats professionnels.

Mme Boss, arrivée à la tête de la société au mois de juin 2013 à travers le consortium d’investisseurs Focus Asia, a assuré qu’elle pouvait injecter deux millions d’euros dans l’entreprise, à condition d’obtenir une réduction des charges salariales liées selon elle à des primes d’ex-salariés de l’entreprise Heuliez qui avaient gardé leur ancienneté, parfois de “25 ou 26 ans”.

Mercredi, le tribunal de commerce de Niort a décidé de liquider l’entreprise employant 200 personnes, citant le manque de trésorerie et jugeant qu’elle n’avait plus les capacités financières suffisantes pour continuer son activité.

Déjà en 2013, Mia Electric, rachetée aux groupes allemands ConEnergy et Kohl, qui avaient repris en 2011 l’activité électrique de l’ancien équipementier Heuliez, était à la peine.

A partir de l’automne, les salaires ont été versés en retard. Des fournisseurs de pièces, avec lesquels Mme Boos tentait de négocier à la baisse, ne livraient plus les produits, au point que la chaîne de montage était finalement paralysée et ce en dépit de commandes sur un marché de plus en plus porteur avec une hausse des ventes de voitures électriques en France de 55% (8.779 unités vendues).

Ségolène Royal, présidente socialiste de la Région Poitou-Charente détentrice de 12% des parts de l’entreprise qu’elle soutient depuis plusieurs années, critiquée par son opposition pour cet investissement, a assuré à l’AFP qu’une dizaine de manifestations d’intérêt en vue d’une reprise étaient déjà parvenues à l’entreprise.

“Il y a une dizaine de manifestations d’intérêt, dont six pour reprendre la globalité de l’entreprise”, a-t-elle déclaré. “Le potentiel est incroyable car l’usine est en parfait état et le bureau d’études et de méthodes (créant et fabriquant des prototypes, NDLR) a beaucoup de valeur”, a-t-elle ajouté en précisant que les visites démarreraient lundi.

“Derrière la liquidation de Mia je vois surtout la liquidation des promesses de Mme Royal”, a déclaré pour sa part à un correspondant de l’AFP Olivier Chartier, président de l’UMP dans la Vienne et conseiller régional d’opposition.

“En 2008 on allait voir ce qu’on allait voir: une filière industrielle du véhicule électrique, du véhicule innovant, qui fabriquerait des centaines d’emplois (…) Aujourd’hui Mia c’est plus de 10 millions d’euros investis par le Conseil régional de Poitou-Charentes”, a-t-il dit en estimant que les salariés, qu’il fallait aider, devaient se sentir “trahis”. “Je demande à Mme Royal un audit des dépenses sur ce dossier”, a-t-il déclaré.

Cet “audit, le tribunal l’a déjà fait”, a répondu Mme Royal. Jugeant par ailleurs “infantile” que l’opposition joue avec l’image de la société pour l’atteindre. “C’est bas de tenter de marquer un point politique en enfonçant une entreprise” à la recherche d’un repreneur, a-t-elle ajouté.