à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
[15/03/2014 08:01:48] Washington (AFP) L’agence de notation Moody’s a fait part vendredi d’un regain d’optimisme pour les finances de l’Union européenne (UE), pointant notamment la “diminution” des risques liés à la crise de la dette dans la zone euro.
L’agence américaine, qui évalue la solvabilité des émetteurs de dette, a d’abord confirmé le triple “Aaa” assigné à l’Union européenne, la note maximale qui permet en théorie d’emprunter à plus bas coût auprès des marchés.
Elle ne s’est toutefois pas arrêtée là et a relevé de “négative” à “stable” la perspective de l’UE, indiquant ainsi qu’elle n’envisageait plus d’abaisser la note de l’Union à moyen terme.
Critiquée comme ses concurrentes pour ses erreurs de jugement lors de la crise financière de 2007-2008, Moody’s semble ainsi donner corps à l’embellie sur le Vieux Continent et plus précisément dans la zone euro qui est sortie d’une longue récession à la mi-2013.
Dans son communiqué, l’agence affirme ainsi que les risques pesant sur la zone euro ont “diminué”, permettant de réduire la pression qui pesait sur la qualité des actifs financiers détenus dans la région et sur la solvabilité de l’ensemble de l’Union.
Epaulée par le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne avait dû se porter au secours de plusieurs pays de la zone euro (Grèce, Irlande, Portugal, Chypre) en les renflouant à coups de milliards d’euros de prêts entre 2010 et 2011 pour leur éviter la faillite.
L’Irlande a été la première à s’affranchir de l’assistance financière internationale en décembre et doit bientôt être rejointe par le Portugal.
Selon l’agence, les risques que ces deux pays ne parviennent pas à rembourser leurs prêts au fonds de secours de l’UE ont “diminué”.
A l’appui de sa décision, Moody’s invoque également “l’amélioration de la solvabilité” des principaux Etats-membres de l’Union européenne, qui avaient été mis à contribution par ces vastes plans de sauvetage.
Ces dernières semaines, l’agence a ainsi relevé de “négative” à “stable” les perspectives de plusieurs pays européens jouissant encore du “triple Aaa”, dont l’Allemagne et les Pays-Bas.
Moody’s s’était également montrée plus optimiste pour certains pays frappés de plein fouet par la crise de la dette comme l’Italie et l’Espagne, qui a bénéficié d’un plan de recapitalisation bancaire.
– Risques persistants –
L’agence, qui a également relevé vendredi la perspective de la Banque européenne d’investissement, pointe toutefois l’existence de risques “persistants” menaçant les Vingt-Huit.
La note de l’UE serait ainsi “particulièrement sensible” aux changements qui pourraient affecter les quatre premiers contributeurs de l’Union européenne, dont la France.
L’Hexagone bénéficie de la deuxième meilleure note possible (Aa1) mais sa perspective reste “négative”, ainsi que l’a réaffirmé Moody’s fin janvier.
La note de Paris pourrait ainsi être abaissée dans les prochains mois si les réformes du gouvernement ne trouvent pas grâce aux yeux de Moody’s.
Dans son communiqué, l’agence ne fait curieusement pas référence à la Grèce, épicentre de la crise de la dette dans la zone euro, alors que le pays reste encore sous perfusion financière et continue d’inquiéter ses créanciers internationaux.
L’UE et le FMI bloquent ainsi un nouveau prêt au pays depuis la mi-2013 au motif qu’Athènes refuserait de couper davantage dans ses finances publiques.
Guettées avec anxiété par les gouvernements, les décisions prises par les trois principales agences de notation (Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch) ont parfois plus de résonance politique que financière.
A l’été 2011, les Etats-Unis avaient ainsi été privés de leur triple A par Standard and Poor’s mais avaient pourtant continué à emprunter auprès des marchés fianciers à des taux historiquement bas.
En 2013, l’Union européenne a adopté un règlement encadrant davantage ces agences privées en les contraignant notamment à communiquer à l’avance un calendrier de leurs décisions sur la notation des Etats.