Championne de la production de vin, l’Espagne à la conquête du monde

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é du cellier de Banos de Baldearados presse du raison, près de Burgos, le 21 octobre 2013 (Photo : Cesar Manso)

[15/03/2014 16:23:51] Manzanares (Espagne) (AFP) Elle étiquette une partie des bouteilles en allemand et ouvre un bureau commercial en Chine: à Manzanares, la coopérative Jesus del Perdon a les yeux rivés hors d’Espagne pour écouler la vendange record de 2013, qui a fait du pays le premier producteur mondial de vin.

“Cela a été une récolte historique”, raconte Ramon Alcarazo Peñuelas, gérant de la coopérative fondée en 1954 près de Ciudad Real, à quelque 200 kilomètres au sud de Madrid.

Réunissant 682 producteurs sur 6.000 hectares de vignoble, l’entreprise a souri en voyant la parfaite combinaison de soleil et de pluie qui a dopé sa vendange à partir de la mi-août, la portant à 89,4 millions de kilos de raisin, contre 56,3 millions en 2012.

A l’échelle supérieure, sa région, la Castille-La Manche, qui fournit plus de la moitié du vin espagnol, a vu sa production grimper de 64,1% à 31,2 millions d’hectolitres.

Et un étage encore plus haut, c’est le pays tout entier qui a vécu une récolte exceptionnelle: selon le ministère de l’Agriculture, l’Espagne aurait produit 50,6 millions d’hectolitres de vin en 2013 (+41,4%).

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à Banos de Baldearados près de Burgos le 21 octobre 2013 (Photo : Cesar Manso)

“Ce qui a peut-être le plus surpris est que l’Espagne se situe, pour la première fois, comme premier producteur mondial de vin”, souligne Rafael del Rey, directeur général de l’Observatoire espagnol du marché du vin.

L’Observatoire se fonde sur les derniers chiffres publiés par les organismes professionnels en Italie (47,4 millions) et en France (42,3 millions), en attendant la version définitive des données de l’Organisation internationale du vin, attendue pour mai.

Cela tient tout d’abord à la météo, plus favorable dans la péninsule ibérique, avec un volume de pluie suffisamment élevé pour nourrir la vigne.

Mais au-delà, “il y a une série de facteurs structurels: cela fait de nombreuses années que nous investissons pour améliorer le vignoble” espagnol, le plus grand au monde par la superficie avec près d’un million d’hectares, explique Rafael del Rey.

Arracher les vignes les plus vieilles et moins productives, transformer celles qui le peuvent en plantations plus efficaces, permettant une vendange mécanique et non manuelle: grâce aux efforts du secteur, “la productivité des vignobles a augmenté sensiblement”, dit-il.

“Il y a 20-25 ans, le vignoble espagnol comptait 1,5 million d’hectares et produisait environ 25 millions d’hectolitres, soit 12 à 17 hectolitres par hectare: c’est extrêmement bas”, se souvient Pau Roca, secrétaire général de la Fédération espagnole du vin.

“Aujourd’hui nous sommes environ à 50, mais nous n’arrivons toujours pas aux 100-150 du reste de l’Europe”.

Il pointe un autre problème: “après la Norvège, l’Espagne est le pays d’Europe avec la plus faible consommation de vin par habitant”, surtout pour des raisons culturelles, la bière lui étant souvent préférée.

L’étranger est donc la seule issue possible pour absorber la hausse de production: “il y a seulement huit ans, le vin espagnol était consommé majoritairement en Espagne”, raconte Rafael del Rey, mais “ces deux dernières années, l’Espagne a exporté plus du double du vin consommé à l’intérieur de ses frontières”.

A la coopérative Jesus del Perdon, “actuellement 86% de notre production va a l’exportation”, témoigne Ramon Alcarazo Peñuelas, alors qu'”il y a dix ans, c’était 20%”.

La destination? “Principalement l’Allemagne et la France, ce sont les deux pays les plus importants pour nos exportations, mais nous vendons aussi aux États-Unis, dans les pays de l’Est et en Chine, où nous venons d’ouvrir un bureau commercial”.

En Allemagne, l’entreprise fournit notamment la chaîne à bas coûts Aldi et vend du vin en vrac que le pays utilise pour fabriquer des vins pétillants… deux produits synonymes de prix faibles.

Car, pendant que le vin espagnol se vend en moyenne deux fois moins cher que son cousin français, les régions moins connues à l’étranger, comme la Castille-La Manche, peinent aussi à se démarquer face aux célèbres Rioja ou cavas.

“Malheureusement, nous sommes dans une zone où les vins ne sont pas assez valorisés, surtout sur le marché extérieur”, regrette Jorge Martinez, ?nologue de la coopérative, détaillant les prix de leur gamme phare: “nous allons d’un euro (la bouteille, ndlr) à environ 5-6 euros”.