èle Toyota, le 16 juin 2011 à New Delhi (Photo : Manan Vatsyayana) |
[17/03/2014 06:15:42] Tokyo (AFP) Le premier constructeur mondial d’automobiles, Toyota, a annoncé lundi la suspension de sa production de véhicules en Inde, à cause d’émeutes dans ses deux usines locales.
Le groupe japonais a expliqué dans un communiqué que des employés s’étaient livrés depuis près d’un mois à “des arrêts délibérés de ligne de production, des intimidations et des menaces à l’encontre de cadres”.
Les deux usines d’assemblage concernées sont les deux seules exploitées par Toyota en Inde: situées près de Bangalore, dans l’Etat du Karnataka (sud-ouest), elles emploient 6.400 personnes.
La suspension des opérations a été décidée dès dimanche mais n’est entrée en application que ce lundi, a expliqué un porte-parole de Toyota à Tokyo, précisant qu’aucun blessé n’avait été déploré depuis le début de cette agitation. Le groupe espère redémarrer la production dès que les conditions le permettront, a-t-il ajouté.
“La direction et le syndicat (des deux usines) négocient un cahier de revendications depuis dix mois. Comme aucun accord bilatéral n’a pu être atteint, l’administration du Travail de l’Etat du Karnataka a organisé sept réunions tripartites pour tenter d’obtenir une entente. Ces efforts de conciliation n’ont pas abouti”, a détaillé Toyota dans son communiqué.
Le constructeur a précisé que les troubles observés avaient eu lieu “à l’instigation du syndicat” des travailleurs locaux et parallèlement à ces négociations.
“Dans ce contexte, l’entreprise n’a d’autre choix que de déclarer le lock-out des usines, pour garantir la sécurité de ses employés et de l’équipe de direction”, a conclu Toyota.
L’an passé, ces deux usines n’ont pas tourné à plein régime, affectées par le coup de frein subi par le marché indien de l’automobile. Quelque 174.000 véhicules y ont été produits, sur une capacité maximale de 310.000 véhicules par an que Toyota a élevée récemment.
Le constructeur y produit notamment son SUV Fortuner et ses célèbres véhicules de moyenne gamme Corolla Altis et Camry. L’essentiel est vendu en Inde mais une partie de la production, notamment des modèles compacts Etios, est exportée, particulièrement vers l’Afrique du Sud.
En 2013, le premier constructeur mondial a vendu 147.000 véhicules en Inde, soit une part de marché de 4,5%.
Un autre constructeur japonais actif en Inde, Suzuki, qui y détient la première place via sa filiale Maruti Suzuki, avait vu ses opérations perturbées dans ce pays il y a 20 mois à cause de troubles sociaux autrement plus violents.
Une émeute avait éclaté en juillet 2012 dans l’usine de Manesar (région de New Delhi), exploitée par Maruti Suzuki, à la suite d’un différend entre un ouvrier et un contremaître. Plusieurs centaines d’ouvriers avaient attaqué des cadres avec des barres de fer, incendié et détruit des équipements. Le directeur du personnel avait été tué et une centaine de cadres blessés, dont plusieurs grièvement. Maruti Suzuki avait ensuite annoncé le licenciement d’au moins 500 ouvriers sur les 1.500 permanents employés dans l’usine, qui avait dû rester fermée plus d’un mois.
Via sa filiale, Suzuki exploite deux usines dans la région de la capitale indienne où il produit plus d’un million de voitures, de petite taille essentiellement. Il prévoit d’investir 50 milliards de yens (environ 350 millions d’euros) dans la construction d’une troisième usine qui, elle, lui appartiendra à 100%. Ce site sera bâti à Ahmedabad, dans l’Etat du Gujarat (nord-ouest de l’Inde), et son entrée en opération est prévue pour 2017.
Suzuki est l’actionnaire majoritaire de Maruti Suzuki (avec 56,2% des parts), le premier constructeur indien d’automobiles qui contrôle 39% du marché local.