à Hangzhou, le 10 mai 2013 (Photo : Peter Parks) |
[17/03/2014 20:05:12] New York (AFP) Le choix de Wall Street par les géants informatiques chinois Alibaba et Weibo pour entrer en Bourse met en lumière l’attractivité de la place financière, qui dispose d’un afflux massif de liquidités et d’une visibilité sans équivalent dans le monde.
Le spécialiste du commerce en ligne Alibaba a confirmé dimanche vouloir faire ses premiers pas sur les marchés financiers à la Bourse de New York plutôt qu’à Hong-Kong. Il pourrait lever, selon la presse financière américaine, jusqu’à 15 milliards de dollars.
L’enjeu est de taille. Il s’agirait de la plus importante levée de fonds sur la place new-yorkaise pour une entreprise chinoise, selon le cabinet Dealogic. Et la plus importante dans le secteur technologique depuis celle du réseau social Facebook en 2012.
Weibo, considéré comme le “Twitter chinois”, a lui dévoilé vendredi son intention de récolter 500 millions de dollars à la Bourse de New York.
La société JD.com, un acteur majeur de la vente en ligne en Chine avec Alibaba, avait elle déposé son dossier d’introduction en Bourse auprès des autorités américaines fin janvier. Elle cherche à lever jusqu’à 1 milliard et demi de dollars.
Pour Alibaba, New York est en partie une solution de repli après l’échec de discussions avec la Bourse de Hong Kong, destination de choix pour de nombreuses entreprises chinoises. La place financière asiatique ne voulait pas déroger à la règle qui empêchait le fondateur d’Alibaba et ses partenaires de garder le contrôle du conseil d’administration.
Mais ce revers permet aussi au groupe “d’avoir accès aux fonds d’investissements américains, les plus importants au monde, qui seront sûrement plus enclins à acheter des actions cotées à Wall Street qu’à Hong Kong”, remarque Gregori Volokhine, gérant de fonds à Meeschaert Financial Services.
La place new-yorkaise est d’autant plus attractive actuellement que l’activité y est trépidante: selon le cabinet Renaissance Capital, il n’y a pas eu autant d’introductions en Bourse en janvier et février de cette année que depuis l’an 2000, juste avant que la bulle internet éclate.
Choisir la grosse pomme est aussi un formidable outil de relations publiques, souligne Jack Gold, président de la société de recherche J. Gold Associates.
“Même si la majeure partie de l’activité de ces entreprises se passe en Chine, être coté aux Etats-Unis c’est démontrer que vous aspirez à une stratégie internationale”, explique-t-il.
De plus, cela simplifie selon lui leur stratégie de croissance. “Les groupes internet grossissent actuellement principalement en acquérant d’autres compagnies. Il est plus facile de le faire en tant qu’entreprise cotée aux Etats-Unis qu’en Chine.”
– “Le meilleur des deux mondes” –
à Paris (Photo : Lionel Bonaventure) |
“Ils veulent le meilleur des deux mondes”, remarque pour sa part Trip Chowdhry, analyste de Global Equities Research.
Les sociétés internet chinoises profitent en effet grandement du fait que Pékin bloque officiellement à Facebook ou Twitter l’accès au marché chinois, qui compte la plus forte population d’internautes au monde (620 millions de personnes) et recensait 302 millions d’acheteurs en ligne fin 2013.
Dans le même temps “elles veulent profiter des capitaux américains”, déplore-t-il.
Cela ne devrait pas empêcher les investisseurs de Wall Street de se ruer vers les actions des entreprises chinoises, selon plusieurs observateurs.
“On va pouvoir les comparer directement aux compagnies américaines et la comparaison devrait leur être avantageuse si on considère par exemple le fait qu’Alibaba a des marges de profit de 44% quand celles (du groupe américain) Amazon sont assez faibles”, relève Gregori Volokhine.
Le fait que plusieurs entreprises chinoises cotant à Wall Street aient récemment été mises à l’index faute de répondre aux critères de transparence exigées à Wall Street “va certainement inciter les régulateurs américains à surveiller plus attentivement” les comptes des entreprises chinoises, remarque toutefois Jack Gold. Ils devraient être d’autant plus attentifs “qu’on suppose que le gouvernement chinois a sans doute son mot à dire dans la gestion de ses plus grandes entreprises”.