Sur internet, des millions d’yeux traquent les débris du vol MH370

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Un radar, le 17 mars 2014 (Photo : CHAIDEER MAHYUDDIN)

[18/03/2014 09:15:00] Washington (AFP) Depuis la disparition du vol MH370, des millions d’yeux traquent sur internet des débris du Boeing de Malaysia Airlines, dans un vaste projet participatif dont l’utilité est toutefois difficile à mesurer.

“Même s’il y a peu de chance pour que cet effort permette de retrouver le vol disparu de Malaysia, il pourrait aider à identifier les zones où il n’est pas, permettant ainsi aux analystes professionnels et aux enquêteurs de gagner du temps”, pointe Lea Shanley, une spécialiste du “crowdsourcing” –le terme qui désigne ces appels lancés au public pour recenser des événements particuliers ou multiplier les points de vue sur une affaire par exemple.

La société d’imagerie par satellite américaine DigitalGlobe a estimé lundi à environ 24.000 km2 la zone désormais couverte par ses images et scrutée par trois millions d’internautes sur une plateforme participative dédiée qu’elle a mise en place le 11 mars –trois jours après la disparition de l’avion.

Chaque jour, de nouvelles images sont ajoutées, assure le groupe, qui recense 257 millions de cartes consultées en ligne et 2,9 millions de zones pointées pour une raison ou une autre –des traces suspectes, une tache d’huile– par les internautes-enquêteurs. La plateforme dédiée Tomnod est même parfois victime de son succès et sature sous l’afflux des connexions.

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Recherche sur une carte marine, le 17 mars 2014 (Photo : Chaideer Mahyuddin)

“Il y a eu des projets (participatifs) qui ont attiré autant de gens, mais sans doute pas en si peu de temps”, souligne Lea Shanley qui travaille au Woodrow Wilson International Center for Scholars.

– “Beaucoup de bruit à filtrer” –

“On dirait une forme d’avion, mais j’en doute. Il y a une forme similaire dans la zone 112075, elle aussi à côté d’un fleuve… je pense que ce sont des arbres abattus”, pointe sur le site un des internautes impliqués dans les recherches. D’autres renvoient vers des traces d’huile, des bateaux ou même “une statue de Jésus”.

Beaucoup rappellent toutefois qu’en outre, le système ne fonctionne pas comme des caméras de surveillance, en temps réel, mais fournit des images de la Terre à un instant T, réduisant d’autant les chances de tomber sur un indice intéressant.

DigitalGlobe utilise un algorithme pour déterminer quelles pistes sont les plus prometteuses, se penchant tout particulièrement sur les zones où plusieurs internautes ont remarqué quelque chose, précise-t-elle dans un communiqué. Les zones qui lui paraissent les plus intéressantes sont ensuite éventuellement partagées avec les autorités, assure-t-elle: “DigitalGlobe a un contact direct avec l’administration américaine et nous sommes étroitement coordonnés sur ce projet et de nombreux autres”.

Plusieurs études scientifiques ont récemment mis en lumière l’intérêt que peut revêtir cet appel au public –comme la campagne “L’avez-vous ressenti?” des services géologiques américains, destinée à recenser les endroits où un séisme s’est produit.

D’autres exemples plus récents tendent à mettre en lumière les dangers inhérents à ce système –ainsi, se basant sur des photos prises à l’arrivée du marathon de Boston de 2013, endeuillé par un double attentat, des internautes et des médias avaient un temps pointé du doigt des passants qui n’avaient rien à voir avec l’attaque.

Dans une situation de crise, “il faut traiter un grand nombre de données, et il y a beaucoup de bruit à filtrer”, souligne Lea Shanley. Un usage efficace de ce système nécessite des ordinateurs très puissants pour séparer les “bonnes” pistes des “mauvaises”, mais on enregistre des progrès dans ce domaine, pointe-t-elle.