Le programme de réformes structurelles –que le gouvernement qualifie d’ambitieuses- porte quant à lui sur les politiques monétaires et de change, le secteur financier, les finances publiques et le développement du secteur privé.
Cernant la politique monétaire, la Lettre d’intention révèle que le déficit structurel de liquidité s’étant aggravé, la Banque centrale de Tunisie (BCT) s’est trouvée contrainte d’augmenter son intervention sur le marché monétaire, c’est-à -dire le refinancement des banques, de 3 milliards de dinars en mars 2013 à 4,6 milliards de dinars en décembre 2013 (dont 1 milliard de dinars ont servi à l’achat par le gouvernement d’obligations d’Etat sur le marché secondaire).
Attaché à sa stratégie de réduction graduelle des injections de liquidités, qui «permet aux banques de mieux gérer leurs liquidités et minimiser les risques pour la balance de la BCT», la BCT a «essayé de réduire le déficit structurel de liquidité, en réduisant le taux de réserves obligatoires de 100 points de base abandonnant la règle actuelle qui pénalise les banques qui ne respectent pas le taux de réserves obligatoires en imposant une augmentation automatique et proportionnelle de leurs réserves obligatoires», et en limitant la dépendance des banques de ses refinancements en augmentant la part du refinancement garantie par des titres d’Etat (10% fin août 2013 et 20% fin décembre 2013) et en introduisant une décote de 10% sur les prêts acceptés comme garantie à compter de janvier 2014».
Et afin de réduire davantage ces refinancements et mieux gérer les risques, les autorités envisagent d’augmenter à 40% en décembre 2014 la part des titres d’Etat utilisés comme garantie dans les opérations de refinancement de la BCT, réviser le système de décote selon une différenciation basée sur les crédits accrochés passés, qui correspondrait à une décote de près de 25%, et mettre en œuvre une facilité de «prêteur en dernier recours» pour les banques solvables mais illiquides qui inclurait des pénalités et l’obligation pour une banque demandant une liquidité d’urgence de soumettre un plan pour rétablir la situation de liquidité, avec des restrictions imposées sur les nouveaux crédits et le paiement de dividendes «suspendus pour un certain temps».
Toute en affirmant maintenir une «politique monétaire prudente», le gouvernement indique que le refinancement -bien que supérieur à ce qu’il était quelques mois plus tôt- «est encore inférieur à la demande des banques, qui dépend du niveau des opérations en devises, de l’achat de bons du Trésor et du financement du découvert de certaines entreprises publiques» et que «très peu de cette demande est liée à l’augmentation des crédits au secteur privé, qui demeure anémique en raison d’entreprises en bonne santé, et d’un intérêt très limité pour augmenter leurs investissements productifs, et en raison du plafond réglementaire sur les taux d’intérêts accordés par les banques, qui n’encouragent pas le financement d’investissements à haut risque comme les PME ».
Mais les autorités admettent aujourd’hui la nécessité d’une politique monétaire «plus prudente», même si son objectif «continue à être le contrôle de l’inflation tout en garantissant une croissance saine du crédit au secteur privé».
A cet effet, deux mesures sont annoncées: l’augmentation du taux d’intérêt de 50 points de base, et la modification du taux d’emprunt excessif en abaissant le plafond pour les crédits aux entreprises et en l’augmentant pour les crédits aux consommateurs privés.
Couplé avec l’introduction d’un «corridor symétrique de 25 points autour de la politique de taux d’intérêt», l’ajustement du taux d’intérêt «aidera à normaliser la situation actuelle en rapprochant la politique de taux d’intérêt du taux du marché monétaire (près de 4,75%, ou taux des facilités de crédit) et donc réduire, quoique seulement en partie, le taux d’intérêt négatif (avec un taux d’inflation à 6%), facilitant une meilleure allocation des ressources productives».
Concernant la modification du plafond pour les crédits aux entreprises et consommateurs privés, une étude d’impact devrait être conduite en mars 2014 avec la Banque mondiale.
Après avoir éliminé en mars 2013 le plafond sur les taux d’intérêts des dépôts introduit en décembre 2011, le gouvernement envisage d’en faire de même avec les taux de prêts en amendant la législation sur les taux d’intérêts excessifs, qui seront éliminés pour les entreprises et au début augmentés pour les individus. Ce qui permettra aux banques «de mobiliser plus de dépôts sans affecter leurs marges de profit et appliquer un taux d’intérêt plus élevé aux clients à haut risque, améliorant donc les canaux de transmission de la politique monétaire».
A suivre…