éricain General Motors au siège de la filiale allemande du groupe, Opel, à Rüsselsheim, en Allemagne, le 27 janvier 2014 (Photo : Daniel Roland) |
[18/03/2014 21:31:00] New York (AFP) La nouvelle patronne de General Motors, Mary Barra, a lancé mardi une contre-offensive pour tenter d’extirper le premier constructeur automobile américain de l’affaire des rappels tardifs de véhicules, qui menace d’entacher sa réputation.
Elle a annoncé la création d’un poste de responsable de la sécurité des véhicules, qui ne rendra des comptes qu’à elle et disposera de tous les moyens qu’il jugera nécessaires.
Ce poste sera occupé par Jeff Boyer, 58 ans, un pur produit GM, entré au sein du groupe en 1974.
“Ce nouveau rôle élève et intègre les procédures de sécurité sous la responsabilité d’une seule personne, avec pour objectif de faire de GM une nouvelle référence en termes de sécurité des consommateurs”, a expliqué Mme Barra dans un communiqué.
Elle a rencontré peu après un petit groupe de journalistes de Detroit (nord-est), à qui elle a indiqué qu’elle était prête à témoigner devant le Congrès, qui mène une enquête sur cette affaire de rappels.
L’audition devrait avoir lieu dans les prochaines semaines et Mary Barra, dont les propos étaient rapportés par l’agence Dow Jones Newswires, a indiqué qu’elle y participerait “probablement”.
Les élus veulent savoir pourquoi le troisième constructeur mondial (après Toyota et Volkswagen) a attendu plus de dix ans pour rappeler ces véhicules, dont un défaut sur la clef de contact serait lié à une trentaine d’accidents ayant causé 12 décès.
“Clairement des vies ont été perdues et des familles ont été affectées et ça c’est très important”, a-t-elle regretté, sans toutefois reconnaître la responsabilité de GM dans ces accidents mortels.
GM a révélé la semaine dernière que certains ingénieurs étaient au courant du problème en 2001, et qu’ils avaient même proposé en 2004 une solution pour le résoudre, mais que rien n’avait été fait.
Mme Barra a expliqué mardi avoir été mise au courant du défaut seulement en décembre dernier, quelques jours avant de prendre les commandes du groupe.
Elle a aussi révélé avoir appris le 31 janvier qu’une étude interne avait conclu au rappel des modèles concernés. Elle a promis des changements pour que cette situation, qu’elle qualifie de “tragique”, ne se reproduise plus.
– “Un message fort” –
Ces annonces ont été bien accueillies à Wall Street où l’action GM a pris 1,56% à 35,17 dollars.
ège de General Motors à Detroit, aux Etats-Unis, le 14 janvier 2014 (Photo : Stan Honda) |
“La nomination de Jeff Boyer est une indication sur la façon dont GM et la directrice générale Mary Barra gèrent ces rappels”, a commenté Jack Nerad, analyste chez Kelley Blue Book.
Pour lui, il ne fait aucun doute que GM veut envoyer un “message fort” disant que “+ce n’est pas une situation ordinaire+. Le groupe signale ainsi qu’il est en train de changer sa façon d’identifier et de gérer d’éventuels problèmes de sécurité”.
Cette décision est la plus importante prise par Mme Barra depuis l’éclatement de l’affaire des rappels de voitures à la mi-février.
Depuis cette date, le premier constructeur américain a rappelé en trois fois au total plus de 3,4 millions de véhicules, essentiellement en Amérique du Nord.
Ces problèmes mécaniques vont lui coûter 300 millions de dollars au premier trimestre, selon une première estimation.
Le constructeur n’a encore montré du doigt aucun responsable. Une enquête interne, dont les résultats sont attendus dans “des mois”, est en cours.
Pour nombre d’observateurs, GM essaie de ne pas répéter les erreurs de son rival Toyota, il y a quelques années.
Le constructeur nippon avait connu en effet une crise majeure en 2009 et 2010, lors d’un rappel tardif de près de 9 millions de voitures dans le monde, notamment aux Etats-Unis, à cause de problèmes de pédales d’accélération pouvant se bloquer et de freins réagissant tardivement, qui avaient eux aussi été liés à des accidents mortels. Sa réputation de constructeur fiable en avait été entachée.