éléphone, à Pékin le 11 mars 2014 (Photo : Mark Ralston) |
[19/03/2014 09:48:10] Bangkok (AFP) A l’ère des smartphones et des réseaux sociaux, la disparition du vol MH370 de Malaysia Airlines soulève une question de plus: pourquoi les passagers n’ont-ils pas contacté leurs proches, comme lors des attentats du 11-Septembre ?
Alors que l’enquête sur la volatilisation du Boeing 777 avec 239 personnes à bord dure depuis plus de dix jours, cette absence d’appels ou d’e-mails pourrait être un indice.
Face à ce qui apparaît comme l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’aéronautique, cela pourrait indiquer que l’avion volait haut ou au-dessus de l’eau.
Ou que les passagers étaient inconscients, en raison par exemple d’une dépressurisation de la cabine.
Selon les experts, plus ils auraient été proches d’un réseau de téléphonie terrestre, plus les passagers auraient eu une chance d’utiliser leurs portables ou autres appareils électroniques.
Mais beaucoup sont sceptiques sur la possibilité d’établir un contact téléphonique et de le maintenir, en vol et à grande vitesse, en particulier en altitude de croisière.
Pour l’établissement du contact entre un téléphone portable et un réseau (“handshake”), il faut en effet un signal suffisamment fort des deux côtés.
Pour le consultant en télécommunications Koh Chee Koon, cette connexion est “théoriquement” possible si l’avion a volé entre 23.000 pieds (7.000 mètres) et 45.000 pieds après avoir perdu le contact avec le contrôle aérien, comme l’indiquent des informations non confirmées.
Mais compte tenu de la puissance limitée des téléphones portables ordinaires, ainsi que de l’obstacle constitué par l’habitacle de l’avion, pour une connexion d’une qualité acceptable, “il faudrait avoir de la chance”, a-t-il ajouté.
Les avions utilisés lors des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis volaient relativement bas, au-dessus d’une zone couverte par des réseaux de téléphonie mobile.
Et la plupart des appels auraient de toute façon été passés depuis les téléphones à bord, et pas depuis des portables.
Certaines compagnies aériennes ont récemment permis l’utilisation des téléphones portables en vol, grâce à l’installation d’un réseau à l’intérieur de l’appareil. Mais ce service n’était pas disponible sur le vol MH370, selon Malaysia Airlines.
– Analyse de données téléphoniques –
Sans ce système, un téléphone portable ne peut pas être utilisé au-dessus d’environ 500 mètres d’altitude pour un avion de ligne, et ne doit pas être trop loin d’une tour, selon A.K. Dewdney, professeur d’informatique à l’université d’Ontario occidental au Canada.
éroport international de Kuala Lumpur le 13 mars 2014 (Photo : Mohd Rasfan) |
“Aucun téléphone portable ne pourrait réussir (à se connecter) d’un avion au milieu de l’océan, même à basse altitude”, a-t-il assuré.
Et “à une altitude de croisière normale, aucun téléphone portable ne pourrait entrer en contact avec le sol”, dans tous les cas, a insisté Dewdney, qui a conduit des recherches sur la question après le 11-Septembre.
Le patron de Malaysia Airlines, Ahmad Jauhari Yahya, a expliqué lundi qu’il n’y avait aucune preuve que des passagers aient tenté de téléphoner, tout en notant que des “millions” de données téléphoniques devaient encore être analysées.
Renforçant le mystère, les médias chinois ont raconté que des proches de passagers avaient tenté de les joindre sur leurs portables après la disparition de l’avion et que cela sonnait.
Mais pour les experts, ce n’est pas une preuve que les téléphones fonctionnaient.
Même si personne à bord n’a passé d’appel, relever des tentatives de contact entre un réseau et des téléphones à bord –que certains passagers pourraient avoir oublié d’éteindre– pourrait donner des indications sur le trajet de l’avion après sa disparition.
Mais pour tracer ces “handshakes”, les enquêteurs font face à la difficulté de collecter chaque numéro d’identification des téléphones des passagers, ainsi que les données des opérateurs dans les pays qui auraient pu être survolés, dont certains, comme la Birmanie, ont encore des réseaux embryonnaires.
Après avoir fait demi-tour environ une heure après son décollage de Kuala Lumpur et avoir traversé la Malaisie, le Boeing a probablement survolé une zone couverte par un réseau.
Mais après, les chances de “handshakes” dépendent de l’altitude de l’avion et de sa proximité avec les tours survolées.
“La police traque tout le temps les téléphones portables à partir du dernier appel passé”, a noté Ken Dulaney, analyste au cabinet de recherche Gartner. Mais ce n’est possible que si les appareils sont à portée d’un réseau.