Un séminaire sur le thème: “Protection des données personnelles, liberté d’expression et droit d’accès à l’information” s’est tenu mardi à Tunis, à l’initiative de l’Instance nationale de protection des données à caractère personnel, en collaboration avec le Conseil de l’Europe et avec la participation d’experts de Tunisie, France, Belgique et Suisse.
Cette rencontre fait partie d’un programme mené en commun par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne pour développer l’arsenal législatif et institutionnel en matière de protection des données personnelles en Tunisie en tant que droit fondamental garanti par la Constitution et pour le mettre en harmonie avec les autres droits et libertés.
Plusieurs communications sont prévues au cours de cette journée portant notamment sur la protection des données personnelles dans le cadre de l’exercice de la liberté de la presse (rôle régulateur de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle), la protection de ces données par l’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections) lors des élections et quelques zooms sur certaines expériences spécifiques, en particulier l’exemple de la Belgique.
Pour le président de l’Instance nationale de protection des données à caractère personnel, Mokhtar Yahyaoui, le séminaire se veut aussi une opportunité pour persuader les magistrats et les avocats d’appliquer la loi de 2004 sur la protection des données personnelles. La vraie question qui se pose aujourd’hui en la matière, a-t-il dit, est de savoir comment assurer un juste équilibre entre la préservation de l’acquis de liberté d’expression et de droit d’accès à l’information, tout en garantissant la protection des données personnelles, “d’autant que la Tunisie s’achemine vers l’organisation d’élections législatives et présidentielle”.
Le juge et membre de l’Instance de protection des données personnelles, Kadhem Zine El-Abidine, a fait valoir la nécessaire harmonie entre droits et libertés scellés par la Constitution. “La liberté de la presse n’est pas illimitée. Elle s’arrête là où commencent les libertés privées”, a-t-il dit, appelant les journalistes à se conformer aux lois organisant la profession et protégeant la vie privée et les données personnelles.
Quant au juge et coordinateur général du Syndicat des magistrats tunisiens, Walid Oukini, il a dit redouter que la loi sur la protection des données personnelles n’entrave les efforts de l’Etat en matière de lutte contre des fléaux majeurs comme la corruption et le terrorisme, voire n’impose des restrictions à la presse.
Il a préconisé à cet effet la mise en place d’instances indépendantes de contrôle pour empêcher toute manipulation frauduleuse des données personnelles.
S’agissant de la relation entre données personnelles et élections, le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, a affirmé que le principal défi que l’instance aura à relever consistera à garantir la transparence du scrutin et en même temps à protéger les droits des gens, notamment pour ce qui est de leurs données personnelles.