Les acquis de l’indépendance du pays ne peuvent être imaginés en dehors de la sauvegarde de l’appareil productif. Mis à mal par la montée, ces derniers jours, des mouvements sociaux. Ce qui ne nous fait pas oublier que rien ne se fera sans un effort particulier au niveau de la justice sociale.
La Tunisie fête en ce 20 mars 2014 le 58ème anniversaire de son indépendance. Une occasion évidement de se souvenir d’une date qui marque l’affranchissement du peuple tunisien d’un colonialisme français qui avait duré 75 ans. Une période au cours de laquelle le peuple tunisien avait perdu des centaines de ses enfants. Qui morts en exil sans avoir revu la terre qui les a vu naître, qui encore morts au combat, qui assassinés sous la torture ou dans les manifestations lorsqu’il ne s’agit pas de personnes fusillées.
L’évocation de ce passé ne peut nous faire oublier aujourd’hui que les Tunisiens se doivent de sauvegarder ce précieux acquis et ne pas tomber dans les travers qui ont favorisé la colonisation du pays. L’histoire nous enseigne en effet que le Traité du Bardo du 12 mai 1881 a été favorisé par certains facteurs qui sont pour l’essentiel la fragilisation de l’Etat et son fort endettement.
Evidement la situation est loin d’être aussi catastrophique qu’au cours des années qui ont précédé la colonisation du pays en 1881. Evidement le contexte géopolitique a également changé et le colonialisme ne s’exprime plus, par les temps qui courent, en termes de conquêtes de territoires. Mais de cerveaux et surtout de positionnement économique.
Des pertes au niveau de la valeur ajoutée
Une réalité qu’il faut garder à l’esprit avec certains dérapages dangereux que constituent la multiplication des grèves et autres sit-ins, synonymes d’arrêts de travail, et de pertes au niveau de la valeur ajoutée, pour l’économie nationale.
Une réalité qui tranche avec la situation économique du pays. Une situation qui constitue un sujet de prédilection dans les rangs de l’opinion, notamment depuis la prestation Tv du chef du gouvernement, Mehdi Jomaa, le 3 mars 2014. Et dans laquelle il a tenu un langage de vérité sur cette situation estimée «plus inquiétante qu’attendue».
Et il est à se demander si les mouvements qui sont lancés et qui se poursuivent, sans l’accord de la principale centrale syndicale du pays, peuvent faire avancer le débat économique. Et si certaines revendications –exagérées- peuvent servir donc les intérêts économiques du pays.
Et il est à se demander si, par certains comportements un peu trop corporatives, il n’y a pas risque de voir la situation s’aggraver davantage. A ce propos, il n’y a pas, comme on dit, photo. Cela ne peut que pousser le pays à s’endetter davantage. Pour équilibrer ses comptes. Mais jusqu’à quand!
L’exemple de la Grèce est bien devant nous
Les différentes institutions nationales et internationales publient les indicateurs économiques tunisiens. Des indicateurs qui font souvent froid dans le dos. L’exemple de la Grèce est bien devant nous pour nous décrire la voie difficile d’une dépréciation de l’économie. Les Tunisiens pourraient-ils en arriver là? Certains le pensent s’il n’y a pas quelque part un sursaut.
Ce qui précède ne doit pas nous faire oublier aussi que la révolution du 14 janvier 2011 est passée par là. Et qu’à ce titre, un de ses fondamentaux et un des fondamentaux de cette indépendance chèrement acquise se doit d’être conjugué à la justice sociale.
Analysés de ce côté des choses, les mouvements sociaux qui ont eu lieu récemment pourraient en dire long sur cette quête de justice sociale. La Tunisie aura besoin, à ce niveau, d’une meilleure concertation entre les différents partenaires pour des décisions combien nécessaires pour étudier en profondeur des fruits de la croissance.
Assurer de grandes avancées
Inutile de préciser qu’un grand pas a été largement accompli avec la signature, le 14 janvier 2013, d’un contrat social. Reste que ce dernier n’a pas encore donné ses fruits. Dans la mesure où il n’a pas encore été bel et bien concrétisé.
Le pays devra profiter de l’entente cordiale entre l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) et l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat) pour assurer de grandes avancées à ce niveau. Il n’en pourra en être autrement. Et les mentalités ne peuvent qu’évoluer dans la bonne direction.
Car ne l’oublions pas: tous les Tunisiens seront d’accord pour des sacrifices, mais à condition que cet exercice n’exclue personne.