Si le jeu de mots est facile et même trop facile, quand on traverse en quelques jours le continent africain dans le sens de la largeur et on s’arrête quelques jours voire quelques heures dans cinq ou six pays, on mesure le degré d’aberration du fonctionnement des systèmes économiques mis en place dans ces contrées, leur fragilité et leur dépendance.
– Commençons par le transport et les connexions aériennes: par exemple, pour aller de Mauritanie jusqu’au Burkina Faso, l’agence vous propose deux solutions:
o un circuit tarabiscoté qui dure entre 48 et 72 h voire plus avec des escales à ne plus en finir, ballotté dans des petits coucous –neufs quand même et dont les compagnies appartiennent à des structures fumeuses-qui arrivent souvent en retard et partent après l’heure, et parfois ne partent même pas! –n’avait-on pas appelé la défunte AIR AFRIQUE “Air peut-être“–, et
o un circuit plus court et au tracé clair et net, vous remontez à TUNIS ou à CASA voire PARIS et vous redescendez! Là le circuit est net et malgré les vols de nuit harassants de plus de cinq à sept heures dans de gros avions, ce circuit coûte pratiquement moitié moins cher que le premier tracé! C’est clair, net et précis cette symbolique du transport par laquelle il a été décidé que personne ne veut que l’Afrique subsaharienne communique directement et doit impérativement passer par le nord! Parole d’AMADEUS!
– Ensuite, parlons communications téléphoniques: un grand voyageur devient un sac à puces! Car si on compte les opérateurs, les roamings possibles ou interdits, les coûts des communications, les bonus, on se perd, et si on pense à INTERNET, là on étouffe devant des connexions volages et parfois inexistantes: du coup, tout un chacun a entre deux et trois portables sur trois opérateurs différents, et aujourd’hui l’AFRIQUE est le pays où les portables recyclés se vendent le mieux et le plus et parfois plus cher que leur prix neuf dans leurs pays d’origine.
– Enfin et pour terminer ce papier -sinon la liste est illimitée- que dire des niveaux de vie: dans ces pays où le FCFA a cours, cette monnaie qui était liée rigidement au franc français et maintenant à l’euro, je n’ose même pas parler de coûts et de prix de revient et de salaires; quand une chambre dans trois étoiles est facturée 40.000 FCA sans petit déjeuner ni rien, le chauffeur qui vous y a déposé lui gagne 30 à 40.000 FCFA par mois, et le pourboire que vous lui accordez est un véritable trésor! Et du coup, je ne comprends pas toujours pourquoi les Africains subissent les turpitudes de l’euro; cette monnaie factice créée pour essayer de contrer le sacré saint dollar qui continue sa chevauchée fantastique sous le regard narquois du yuan chinois; Chinois qui sont en train d’envahir en silence aussi bien par leurs produits que par leur présence ce continent qui a longtemps servi surtout de pompe à fric à une Europe qui tombe en décrépitude.
Que faut-il conclure? En 1960, René DUMONT, le fameux agronome de la fin, hurlait «L’Afrique est mal partie», je peux le rassurer et lui dire «repose en paix, elle n’est pas partie du tout». Amen!