Banque du Japon : le gouverneur Kuroda croit à la fin de la déflation

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érence de presse à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[20/03/2014 06:44:36] Tokyo (AFP) Après un an à la tête de la banque centrale du Japon (BoJ), le gouverneur Haruhiko Kuroda juge le pays à mi-chemin mais sur la bonne voie pour en finir avec la déflation. Il faudra cependant plus de souplesse encore, estiment des économistes.

“Une année est passée depuis l’introduction d’une nouvelle politique d’assouplissement quantitatif et qualitatif”, a souligné M. Kuroda lors d’un discours prononcé mercredi durant un symposium.

“Jusqu’à présent, la politique menée exerçant les effets escomptés, l’économie du Japon avance vers la réalisation de l’objectif de stabilité des prix équivalente à 2% d’inflation”, a-t-il poursuivi.

“Bien sûr, nous sommes seulement à mi-chemin, mais la banque centrale va poursuivre dans cette voie pour surmonter le plus rapidement possible la déflation qui a handicapé l’économie japonaise durant une quinzaine d’années”, a promis M. Kuroda.

Ce dernier, choisi par le Premier ministre de droite Shinzo Abe, a en outre de nouveau assuré que la BoJ ferait preuve de flexibilité et de pragmatisme pour ajuster le tir si nécessaire.

Arrivé au poste de gouverneur le 20 mars 2013, M. Kuroda a réformé dès le mois d’avril la politique monétaire en ne s’attachant plus tant au taux directeur au jour le jour mais en ciblant une inflation de 2% via un doublement de la masse monétaire en deux ans.

Cette assouplissement dit qualitatif et quantitatif passe par des rachats d’actifs, des bons du Trésor notamment, ainsi que des titres considérés comme relativement risqués, tels des fonds cotés en Bourse (ETF) ou des fonds communs immobiliers japonais (J-REIT).

Ces mesures sont assorties de prêts à taux bas pour les banques finançant des entreprises de secteurs-clefs.

Le tout vise à pousser les entrepreneurs et consommateurs à être moins regardants à la dépense.

Cette politique a eu pour premier effet d’accentuer la baisse de la monnaie japonaise face au dollar et à l’euro et de donner un coup de pouce aux prix en instillant en outre dans la tête des clients et commerçants l’idée que l’inflation allait pointer son nez.

Alors que la déflation sévissait franchement auparavant, ces derniers mois l’indice des prix au détail se situe à plus de +1%, même +1,3% en janvier, une hausse qui n’est certes pas tant due à un surcroît de demande qu’aux coûts renchéris de l’énergie importée, mais qui n’en est pas moins réelle.

– Assouplissement accentué dès cet été ? –

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é de ses adjoints Kikuo Iwata (g) et Hiroshi Nakaso (d) le 21 mars 2013 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

Si en théorie plus de la moitié du chemin vers une inflation de 2% est déjà accompli, se dresse dès le 1er avril un obstacle: la hausse de la taxe sur consommation (équivalent de la TVA française) qui va passer de 5% actuellement à 8%.

Or nul ne sait de quelle ampleur et de quelle durée sera la chute inévitable de consommation après la date fatidique. Plus elle durera, plus risque d’être retardée la fin durable de la déflation puisqu’une moindre demande poussera naturellement les marchands à proposer des prix hors taxe plus bas afin d’inciter plus de clients à acheter.

Si bien que la plupart des économistes tablent sur un renforcement des mesures d’assouplissement monétaire durant l’été, afin d’éviter un retour en arrière.

Cela a toute chance d’être selon eux d’autant plus nécessaire que les effets positifs de la baisse du yen sur les exportations ne sont pas aussi importants qu’espérés et que la facture des importations, elles, s’en trouve au contraire renchérie, au point que le Japon a déjà enduré 20 mois d’affilée de déficit commercial, du jamais vu.

La politique monétaire de M. Kuroda s’inscrit dans la stratégie à “3 flèches” définie par le Premier ministre Abe, aux côtés de largesses budgétaires et de réformes structurelles.

Le tout est connu sous le vocable “Abenomics” et a pour but de faire entrer le Japon dans un cercle économique vertueux de hausse des salaires, des prix, de la consommation, des exportations et de la production, autrement dit dans un mouvement de croissance soutenue et autoentretenue.