à Ankara le 13 mars 2014 (Photo : Adem Altan) |
[20/03/2014 18:08:10] Ankara (AFP) Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a menacé jeudi d’interdire Twitter après la publication sur les réseaux sociaux d’enregistrements d’écoutes téléphoniques qui le mettent directement en cause dans un scandale de corruption.
“Nous allons supprimer Twitter. Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale”, a lancé M. Erdogan devant des milliers de partisans lors d’un rassemblement électoral à dix jours du scrutin municipal du 30 mars.
“Ils verront alors la force de la Turquie”, a-t-il ajouté.
“Cela n’a rien à voir avec les libertés”, a insisté le chef du gouvernement. “La liberté n’autorise pas l’intrusion dans la vie privée de qui que ce soit ou l’espionnage des secrets d’Etat sur la scène internationale par ces moyens” (réseaux), a-t-il poursuivi.
Depuis la mi-décembre, le Premier ministre, qui dirige sans partage la Turquie depuis 2002, est éclaboussé par un scandale de corruption qui a vu des dizaines de ses proches inculpés pour une série de malversations.
Depuis trois semaines, il est même personnellement mis en cause par la diffusion sur les réseaux sociaux d’enregistrements de conversations téléphoniques piratées.
Ces écoutes, que le chef du gouvernement a d’abord dénoncé comme des “montages” avant d’en reconnaître certaines, a provoqué la colère de l’opposition et plusieurs manifestations dans les grandes villes du pays pour exiger sa démission.
“Nous n’autoriserons pas ça”, a assuré jeudi M. Erdogan. “Nous prendrons rapidement ces mesures (d’interdiction). La sécurité de mon pays est en jeu”, a-t-il ajouté.
Au début du mois, le chef du gouvernement islamo-conservateur avait déjà menacé d’interdire YouTube et Facebook.
“Nous sommes résolus à ne pas laisser le peuple turc être esclave de YouTube et Facebook”, avait-il déclaré lors d’un entretien télévisé, “nous prendrons les mesures nécessaires, quelles qu’elles soient, y compris la fermeture”.
Le président Abdullah Gül avait toutefois écarté la menace brandie par M. Erdogan. “YouTube et Facebook sont des plateformes reconnues dans le monde entier. Une interdiction est hors de question”, a déclaré M. Gül vendredi devant la presse.
M. Erdogan accuse ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influente dans la police et la justice, d’être à l’origine des enquêtes qui visent ces proches pour précipiter sa chute à la veille des élections municipales du 30 mars et dans la perspective de la présidentielle prévue en août prochain.
Le Premier ministre a fait de ce scrutin local un référendum pour ou contre sa personne.
Sa déclaration contre les réseaux sociaux intervient après le vote d’une loi qui renforce le contrôle d’internet. Ce texte a été dénoncé comme “liberticide” en Turquie comme dans plusieurs capitales étrangères, notamment à Bruxelles et à Washington.
Le Turquie est considérée par les ONG de défense des libertés comme un des pays les plus répressifs en matière de contrôle du Web.