ès au site de Tourcoing, dna sle nord le 19 mars 2014 (Photo : Denis Charlet) |
[20/03/2014 19:54:39] Wattrelos (AFP) La direction de La Redoute et les syndicats CGT, CFDT et Sud campaient sur leurs positions jeudi soir, ces derniers refusant de céder à l’actionnaire Kering, qui conditionne la survie de l’entreprise à la signature dans la soirée d’un accord sur le plan social.
Le protocole d’accord de la direction sur les mesures d’accompagnement social, pour lequel Kering espérait un accord majoritaire jeudi soir, prévoit notamment 20.000 euros de plancher pour les indemnités de départs volontaires et 750 à 1.200 euros par année d’ancienneté en fonction des cas.
L’intersyndicale CFDT-CGT-SUD réclamait jusqu’à jeudi matin 40.000 euros de plancher, plus 1.500 euros par année d’ancienneté et 36 mois de congés de reclassement, et que cette même somme soit bloquée pour les salariés qui ne seraient pas touchés par le plan social.
Mais dans un communiqué commun diffusé jeudi après-midi, signe que l’intersyndicale se fissure, la CFDT et SUD ont fait des concessions, sans toutefois appeler à signer l’accord.
Espérant faire revenir la direction à la table des négociations, les deux syndicats demandent désormais 18 mois de congés de reclassement et au moins 1.200 euros de prime par année d’ancienneté pour tous.
“C’est brader les revendications des salariés”, a réagi Fabrice Peeters, délégué CGT, qui ne compte pas non plus signer l’accord.
Au terme d’une réunion interne jeudi soir, la CFDT a décidé de ne “pas signer l’accord dans l’état actuel”, a déclaré à l’AFP Dalila Tir, déléguée syndicale.
La CFE-CGC, qui avait quitté l’intersyndicale mardi, a choisi quant à elle de ratifier l’accord, “un bon package, comparativement aux pratiques habituelles”, mais sa seule signature ne sera pas suffisante.
Jeudi soir, la direction s’est bornée à répéter que les négociations étaient terminées. Mercredi, l’actionnaire Kering avait annoncé qu’en l’absence d’accord majoritaire des syndicats sur le plan de modernisation des futurs repreneurs, il ne “continuerait pas à financer les pertes de La Redoute”.
En l’absence de signature, “une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire” devant le tribunal de commerce fait “partie des scénarios possibles”, selon Me Mario Califano, avocat des salariés.
– ‘Une très sale ambiance’ –
és de la Redoute manifestent le 13 mars 2014, à Tourcoing, dans le nord de la France (Photo : Denis Charlet) |
A l’appel de l’intersyndicale, qui affichait encore jeudi matin un semblant d’unité, entre 500 et 700 salariés de l’ancien fleuron de la vente à distance, selon la police et la CGT, ont manifesté en fin de matinée à Wattrelos (Nord) pour réclamer de meilleures garanties et dénoncer “l’ultimatum” de Kering.
“Il faut pas signer. Pinault, il exagère. On n’y croit pas, à son ultimatum”, a lancé Linda, 56 ans, dont 37 passés à La Redoute.
“C’est un nouveau coup de bluff, on n’imagine pas un groupe comme Kering déposer le bilan d’une entreprise comme La Redoute. Ils ont les moyens d’aller plus loin sur les sommes prévues” par le protocole, a lancé Jean-Christophe Leroy, délégué CGT.
L’intersyndicale dénonçait aussi la “précipitation” de Kering, alors qu’un comité d?entreprise est prévu vendredi pour étudier le business plan des futurs repreneurs, sur la base de l’avis d’experts mandatés par la CFDT.
Kering (ex-PPR) a engagé la cession de La Redoute à Nathalie Balla et Eric Courteille, respectivement PDG de La Redoute et secrétaire général de sa maison mère Redcats, pour se recentrer sur le luxe. Ces derniers ont annoncé le 9 janvier la suppression de 1.178 des 3.437 postes de La Redoute.
“Y a une très sale ambiance entre les grévistes et les non-grévistes”, déclarait Linda en manifestant.
Dans un communiqué, un collectif de salariés baptisé “Avenir pour La Redoute”, en faveur du protocole d’accord de la direction, en appelle à la “responsabilité” des syndicats et les “implore” de signer.
Le collectif, qui dit représenter une majorité de salariés et renvoie à une pétition en ligne comportant plus de 1.500 signatures, salue les avancées obtenues jusqu’ici par les syndicats, mais prévient : “Ne pas signer serait un tsunami social”.
Devant l’hôtel de ville de Wattrelos, les manifestants ont copieusement hué les salariés favorables à l’accord, avant de voter à main levée la poursuite de la mobilisation, aux cris de “jusqu’au bout!”.