Trois ans après le “Printemps arabe”, l’Afrique du Nord poursuit sa transition. Bien que des mesures positives aient été prises par les gouvernements respectifs dans la région, le fossé entre “nantis” et “démunis” reste à combler, pour garantir la stabilité sociale et favoriser une croissance plus inclusive. Les réformes du marché du travail sont un volet crucial de la série de mesures qu’il est nécessaire d’engager en cette période de transition.
Cette note offre un aperçu des principales questions que les décideurs doivent prendre en compte pour élaborer de nouvelles politiques du marché du travail à la suite du “Printemps arabe”.
Fait notable, comme il est souligné dans le document, la région est à présent à un carrefour, où il lui faut trouver le juste équilibre entre soutien au développement du secteur privé, création d’emplois et protection des emplois et des travailleurs existants.
Aussi les décideurs des pays d’Afrique du Nord doivent-ils tenir compte de plusieurs facteurs, alors qu’ils repensent les politiques de leurs marchés du travail respectifs.
Premièrement, ils doivent garder à l’esprit les quatre dimensions autour desquelles se définissent les politiques du marché du travail -les programmes actifs du marché du travail; la réglementation du travail; la législation sur la protection sociale et la représentation collective– et doivent s’assurer que leur stratégie globale les prenne bien en compte.
Les réglementations du travail peuvent nécessiter d’être révisées, afin de permettre une plus grande flexibilité et de soutenir le développement de l’emploi formel.
Toutefois, ce changement de législation exige de protéger les travailleurs qui se trouvent entre deux emplois. Or la région ne dispose pas, actuellement, de filets de protection sociale sophistiqués. Ceux-ci doivent donc être renforcés pour éviter que les inégalités ne se creusent davantage. Dans cette phase de transition, les réformes portant sur la réglementation du travail seront difficiles à passer, ainsi qu’à financer et à maintenir, sans représentation ni négociation collectives.
La note réitère également certains principes directeurs fondamentaux, que les décideurs doivent observer au cours de la transition, sur le court terme, ainsi que sur le moyen et long terme pour soutenir la création d’emplois.
La stabilité macroéconomique, tout d’abord, est primordiale et doit être préservée. Celle-ci se révèle actuellement affaiblie dans certains pays de la région, du fait de la mise en œuvre de mesures coûteuses à court terme. Or sans stabilité macroéconomique, pas de création d’emplois.
Deuxièmement, doit être instauré un environnement propice aux affaires, qui inclue un accès plus large au crédit. Un capital humain plus adéquat devrait par ailleurs être développé et, dans ce cadre, l’accent devrait être mis sur une meilleure valorisation de la formation professionnelle.
Troisièmement, l’état de droit doit être respecté pour attirer les “bons” investisseurs, qui contribueront à doper l’innovation et la sophistication des économies pays –conditions sine qua non pour accélérer la croissance et la productivité de la région. C’est là aussi le seul moyen, pour les pays d’Afrique du Nord, de créer les catégories d’emplois dont ils ont besoin, pour aujourd’hui et demain.
Source : BAD