Près de 50 représentants des organisations de la société civile en Afrique se sont réunis vendredi, à Tunis, pour formuler des recommandations destinées à résoudre le problème de la sécurité alimentaire et créer des emplois au profit des jeunes.
Ces recommandations seront débattues à l’occasion de la 28ème conférence régionale de l’Organisation des Nations unies our l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Afrique qui se tiendra du 24 au 28 mars 2014 à Tunis.
Au terme de ces concertations, il sera procédé à l’élection de trois représentants de la société civile africaine (organisations agricoles africaines) pour prendre part aux réunions des ministres africains, prévus dans le cadre de la conférence de la FAO.
La conférence, qui se tient sur le thème «les jeunes africains et le développement agricole et rural», traitera de sous-thèmes relatifs à la sécurité alimentaire et au chômage des jeunes, outre le programme africain pour l’agriculture familiale.
La manifestation, à laquelle prendront part 300 experts internationaux dans le domaine de l’agriculture, regroupera une cinquantaine de ministres africains.
Le ministre tunisien de l’Agriculture, Lassaad Lachaal, insiste sur l’importance du rôle des organisations de la société civile dans la lutte contre la pauvreté et la malnutrition et la réalisation d’un développement agricole et rural durable en Afrique, et ce compte tenu de leur expertise technique dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire.
Selon M. Lachaal, le choix du thème de la conférence témoigne de l’accroissement du chômage des jeunes dans les zones rurales, ce qui constitue, d’après lui, une menace pour la stabilité sociale et une entrave à la croissance économique dans les pays africains.
La région la plus vulnérable en matière de sécurité alimentaire
La moyenne d’âge des chômeurs en Afrique varie entre 15 et 24 ans, a encore fait savoir le ministre. A ce titre, il ressort des rapports des organisations internationales spécialisées dans le domaine agricole, que le continent noir, avec des niveaux de production agricole relativement bas, de faibles revenus dans le milieu rural et des moyennes élevées en matière de malnutrition, demeure la région la plus vulnérable en termes de sécurité alimentaire, malgré les efforts déployés dans ce domaine, selon M. Lachaal.
Il a qualifié par ailleurs de «préoccupant» le fait qu’une tranche importante de la population africaine vive en dessous du seuil de la pauvreté, relevant toutefois, l’existence d’une volonté politique pour promouvoir le secteur agricole.
Pour le ministre tunisien, cette volonté se traduit par l’attachement des pays africains aux stratégies de travail issues des sommets internationaux sur l’alimentation et l’adoption du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA).
Concernant la Tunisie, M. Lachaal a souligné que le développement du secteur agricole dans le pays demeure relativement limité par rapport aux résultats qui peuvent être réalisés à cause de plusieurs problématiques, dont notamment les problèmes fonciers et les circuits de distribution.
Il s’agit également de la dispersion des exploitations agricoles, sachant que 75% des agriculteurs exploitent des terrains d’une superficie inférieure à 5 hectares et, par ailleurs, seuls 7% des agriculteurs ont des contrats d’assurance agricole, selon les données du ministère de l’Agriculture.
Faire participer les organisations professionnelles
De ce fait, le ministre a souligné que son département est en train de réviser les cadres juridiques régissant les structures agricoles professionnelles afin d’améliorer le taux d’adhésion des agriculteurs à ces structures et d’élargir les activités de ces dernières. Toutefois, cette question nécessite une véritable participation des organisations professionnelles agricoles pour regrouper et organiser les agriculteurs dans des coopératives qui les protègent de tous type d’exploitation, indique M. Lachaal.
Le tissu agricole tunisien est composé de près 2.500 groupements de développement agricole et 160 coopératives de services agricoles.
Le représentant de l’Union maghrébine des agriculteurs (UMAGRI), Abdelmajid Zar, a fait savoir que les organisations internationales doivent collaborer directement avec les organisations de la société civile et non avec les gouvernements. Il a mis l’accent sur la nécessité de développer les conditions du travail des paysans, aux niveaux régional et du continent africain, afin de réaliser la sécurité alimentaire.
La présidente de la plateforme régionale des organisation Paysannes d’Afrique centrale et représentante de l’Organisation Panafricaine des Agriculteurs (PAFO), Elisabeth Atangana, a mis en exergue l’importance de la solidarité entre les pays africains pour développer leurs politiques agricoles et promouvoir le rôle des jeunes et des femmes, l’objectf ultime étant de réaliser la sécurité alimentaire.