écialisé dans les casques audio et appareils pour audiophiles nomades, le 19 mars 2014 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[24/03/2014 08:25:59] Tokyo (AFP) Le célèbre et révolutionnaire Walkman avait libéré le son hors les murs, aujourd?hui les Japonais qui marchent en musique veulent plus: carrément une acoustique de salle de concert. L’audiophilie mobile est en plein boom sur l?archipel.
Il a beau être installé au 5e étage d’un bâtiment étroit, dans une petite rue excentrée du quartier d’Akihabara à Tokyo, le magasin e-earphone ne désemplit pas.
Spécialisée dans les casques audio et appareils pour audiophiles nomades, cette petite boutique aligne pas moins de 4.000 produits. La raison de son succès ? “Un bouche à oreille dû à l’engouement de plus en plus de Japonais exigeants pour la haute qualité musicale en balade”, explique Nobuyuki Matsuda, un dirigeant de cette véritable “caverne d?Audio-Baba”.
“Avant, le son était un loisir et un plaisir de salon: on achetait religieusement chaque élément de sa chaîne hi-fi”, rappelle Koji Nageno, un chef-ingénieur du son de Sony, mais aujourd’hui, grâce au premier Walkman en 1979 et à toutes les gammes de baladeurs ensuite, “la musique s’écoute plus encore à l’extérieur et dans une qualité qui s’amplifie au fil des ans”.
Même si l’on trouve des écouteurs à 100 yens (moins d’un euro), de plus en plus de gens sont prêts à débourser 500, 1.000 ou même 5.000 fois plus pour des modèles haut de gamme,assure M. Matsuda. “On a pas mal d’acheteurs du casque allemand Ultrasone Edition 5 à 525.000 yens (3.725 euros)”, assure-t-il.
Et de préciser: “le prix moyen des écouteurs et casques achetés chez nous est de 15.000 yens (une centaine d’euros)”.
– Pas seulement pour la frime –
à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Dans les hypermarchés de l’électronique et de l’électroménager, comme la chaîne Bic Camera, l?audio mobile haut de gamme a désormais son rayon spécial, preuve que ce marché ne concerne plus seulement les maniaques du son mais un public plus large, du quinquagénaire amateur de jazz et classique au jeune féru de musiques de dessins animés ou de variété nippone.
“On estime le marché annuel de l’audio portable au Japon à 30 milliards de yens(210 millions d’euros), mais il est en train de croître”, se réjouit Takuya Okada, un responsable du développement d’e-earphone.
Dans le métro, ou au moins un passager sur trois écoute de la musique, on remarque de plus en plus de casques et écouteurs réputés mais pas donnés, de marques Shure, Bose, Sony, Sennheiser, Ultimate Ears, Westone, Beats ou Audio Technica.
Les “heddofon joshi”, littéralement les “filles au casque audio” qu?on croise partout dans les rues de Tokyo en sont une autre illustration.
Pionnier de la “musique à pied”, Sony savait bien qu?une partie de ses compatriotes étaient amateurs de bons sons, mais le succès de son récent Walkman NW-ZX1 a pourtant dépassé ses prévisions, malgré son tarif élevé (plus de 500 euros).
“Il se vend comme des petits pains, les lignes de production ne suivent pas”, affirme Kojiro Yakata, un directeur de projet de Sony. Idem pour ses écouteurs intra-auriculaires XBA-H3 à plus de 250 euros.
“Beaucoup de gens achètent les deux ensemble pour avoir la qualité maximum”, assure un vendeur de l’enseigne Labi du quartier Oimachi à Tokyo.
– La tendance high-resolution-
La raison: ces nouveaux produits sont “high-res”, compatibles avec des formats de fichiers musicaux dits “haute-résolution audio”, une qualité numérique “plus proche de l’enregistrement originel, techniquement supérieure à celle du CD”, explique Masanori Sugiyama, développeur de systèmes audio de salon chez Sony.
La différence est nette, “à condition de posséder non seulement les fichiers au bon format, mais aussi le lecteur compatible et les haut-parleurs ou le casque audio à même de restituer le son d’origine”, insiste son collègue Yakata.
De quoi ravir – et ruiner – les passionnés. Car ils ne se contentent en outre d?oreillettes ou de baladeurs “qui vont bien”, comme on le dirait d?une chaussure qu?on essaye. Non ! “il veulent des embouts précis, des câbles particuliers, des amplis de poche”, sourit M. Okada, lui aussi un “fondu du son”.
Ces clients sont chouchoutés par les marques Ultimate Ears (UE) et JH Audio qui proposent carrément des écouteurs sur mesure (appelés IEM) fabriqués à la main aux Etats-Unis après un moulage des oreilles. “Malgré un tarif de 1.000 à 3.000 euros le plus souvent, on en vend plusieurs dizaines par mois”, assure M. Okada.
“Attention: c’est contagieux et sans fin: plus on a de matériel de haut niveau, plus on est poussé à rechercher une qualité encore supérieure et le retour en arrière est impossible”, prévient M. Okada.