à droite: le Premier ministre canadien Stephen Harper, le président français François Hollande, le Premier ministre britannique David Cameron, le président américain Barack Obama et la Chancelière allemande Angela Merkel au Sommet du G7 à La Haye, le 24 mars 2014 (Photo : Jerry Lampen) |
[25/03/2014 07:02:47] La Haye (AFP) Les dirigeants occidentaux devaient à nouveau exprimer mardi leur soutien au gouvernement de Kiev et leur refus de l’annexion de la Crimée par la Russie, au deuxième et dernier jour d’un sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye.
Lundi, le président américain Barack Obama et ses alliés ont annulé le sommet du G8 prévu en juin à Sotchi afin de sanctionner la Russie pour son intervention dans la péninsule, d’où Kiev a commencé à retirer ses dernières troupes.
Les pays du G7 ont en outre prévenu lundi Moscou qu’ils étaient prêts à renforcer les sanctions en cas d’escalade en Ukraine, dans un communiqué commun diffusé à l’issue d’une réunion extraordinaire à La Haye.
De son côté, le gouvernement du Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui participe au sommet du G7 à La Haye, a confirmé mardi être prêt à offrir jusqu’à 1 milliard d’euros d’aide à l’Ukraine.
étrangères, Andrii Deshchytsia, tient une conférence de presse au sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye, le 24 mars 2014 (Photo : Marco de Swart) |
M. Obama devait tenir une conférence de presse en fin de sommet mardi avec le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.
Le G8 sera remplacé par un G7 à Bruxelles, sans la Russie donc, tandis qu’une exclusion définitive du G8, évoquée avant la réunion, n’a finalement pas été entérinée.
Barack Obama et ses collègues du Canada, d’Allemagne, d’Italie, de France, du Royaume-Uni et du Japon ont affiché leur unité en se réunissant pendant une heure et demie à La Haye en marge du sommet sur la sécurité nucléaire.
L’annulation du G8 est “peut-être l’un des gestes les plus significatifs parce qu’elle démontre que tous ces pays, très différents, n’acceptent pas le fait accompli de l’annexion de la Crimée”, a commenté le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Avant même le G7, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait relativisé la menace des Occidentaux, assurant qu’une telle éviction ne serait pas une “grande tragédie” pour son pays. La Russie avait été admise dans le G7 en 1998 pour former le G8.
M. Lavrov a par ailleurs fait un signe d’ouverture en s’entretenant à La Haye en tête-à-tête avec son homologue ukrainien Andrii Dechtchitsa, la rencontre au plus haut niveau entre Moscou et Kiev depuis le début de la crise ukrainienne. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a salué la tenue de cette réunion.
Le ministre russe a assuré qu’il n’y avait “aucune mauvaise intention” dans le rattachement de la Crimée à la Russie, mais juste la volonté de “protéger des Russes qui vivent là depuis des centaines d’années”.
– Possible disparition de soldats ukrainiens –
M. Kerry a réitéré auprès de M. Lavrov les inquiétudes américaines concernant la présence de troupes russes à la frontière ukrainienne ainsi que la possible disparition de certains soldats ukrainiens.
ébastopol, en Crimée, le 24 mars 2014 (Photo : Viktor Drachev) |
Il lui a rappelé que M. Obama avait signé un ordre “donnant la flexibilité nécessaire pour sanctionner des secteurs spécifiques de l’industrie si la Russie poursuit cette escalade”.
“L’Europe et les Etats-Unis sont unis pour soutenir le gouvernement ukrainien et les Ukrainiens. Nous sommes unis pour faire payer un prix à la Russie pour les actions qu’elle a entreprises jusqu’ici”, avait assuré Barack Obama plus tôt dans la journée.
En Crimée, les forces russes se sont lancées lundi à l’assaut d’un navire de débarquement ukrainien, un journaliste de l’AFP racontant que des tirs avaient été entendus et qu’un grand nuage de fumée s’était élevé devant le bâtiment.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a pour sa part réaffirmé que son pays souhaitait régler la crise actuelle par la voie diplomatique.
“La position du gouvernement est d’utiliser tous les moyens pacifiques pour régler pacifiquement ce conflit. Mais nous ne savons pas quels sont les plans de la Russie, ceux du président (Vladimir) Poutine”, a souligné le ministre.
“C’est pour cela que nous demandons à rencontrer les Russes. Nous voulons savoir ce qu’ils pensent sur l’Ukraine”, a-t-il poursuivi avant sa réunion avec M. Lavrov.
– Risques d’escalade –
Ces efforts diplomatiques sont intervenus à un moment où Kiev a décidé lundi de retirer ses soldats de Crimée. Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a signé un décret prévoyant le redéploiement en Ukraine continentale des troupes présentes dans la péninsule.
Après s’être emparés par la force à l’aube d’une base d’infanterie marine à Feodossia, les Russes ont quasiment achevé la prise de contrôle de la Crimée, un mois après la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, favorable à la Russie.
Lundi matin, la Maison Blanche s’est dite “très inquiète” des risques d’escalade créés par la présence d’unités russes à la frontière orientale de l’Ukraine.
Un responsable de l’Otan avait indiqué dimanche que l’alliance militaire surveillait attentivement la présence massive de troupes russes à la frontière de l’Ukraine, qui pourrait déboucher sur une intervention de Moscou dans l’est de l’Ukraine.
Le Kremlin a nié avoir de telles intentions, même si M. Poutine ne cache pas son ambition de ressusciter les vestiges de l’empire soviétique.
A l’occasion d’une visite hautement symbolique, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou s’est rendu en Crimée lundi pour inspecter les installations militaires. Il est ainsi devenu le premier haut responsable russe à mettre les pieds dans la presqu’île depuis le récent référendum sur le rattachement à la Russie.