Le cinquante-huitième anniversaire de l’indépendance. Il existe encore des Tunisiens qui ne la fête, et déclarent cela en toute fanfaronnade sur leurs pages Facebook, comme ce monsieur, membre de l’ANC, haut responsable du CPR, j’ai nommé Samir Ben Amor. Il n’en est pas à sa première dans le dénigrement des symboles de la République lui qui, comme son grand-frère, Raouf Ayadi, a osé ne pas se lever aux rythmes de l’hymne national chanté par ses collègues à l’ANC!
Beaucoup de Tunisiens, de droite et de gauche et d’ailleurs, ont toujours eu des comptes à régler avec Bourguiba, «l’indépendance de Bourguiba» et la République qui s’en suit.
La Gauche, nationaliste arabe et marxiste, reprochait à Bourguiba son ralliement aveugle à l’Occident, son appropriation de l’Etat à travers son parti, le PSD, et la négation de toute opposition. Les gens de gauche avaient l’habitude, pendant des années, à considérer la fête de l’indépendance comme une fête qui ne les concernait pas et laissaient la place au régime (de Bourguiba et plus tard de Ben Ali) pour s’approprier les symboles de ce moment fort de l’histoire de la nation.
Cette attitude continue chez certains à gauche même si un début de réconciliation était palpable dans certaines positions à propos de l’Etat National, bâti par Bourguiba et les siens et disputés par les islamistes. La révolution est alors mise en avant pour dire que c’est la seconde indépendance de la Tunisie, et si la première indépendance a libéré la terre, la révolution a libéré l’homme!
De leur côté, les islamistes ont toujours dénigré Bourguiba et «son indépendance» et l’ont toujours critiqué pour ses positions laïques qui les dérangent et qu’ils considèrent comme responsables de la perte de «l’identité nationale»!
Aujourd’hui, la nébuleuse «négationniste» -si on peut la qualifier ainsi-, qui clame sa haine de la République et de ses valeurs, est un patchwork et un kaléidoscope aux couleurs bizarres! Il faut faire attention à ce qu’elle avance comme argumentaire parce qu’il y va de la cohésion de notre pays et de sa société!
On trouve d’abord Ridha Belhaj du Hezb Tahrir qui a brandi ces jours-ci la fallacieuse accusation de l’inexistence de traité de l’indépendance (sic!) et qui milite comme chacun sait pour le «Califat» qu’il veut nous faire fourguer comme régime reconnu par la Charia!
Il y a ensuite ces caciques d’Ennahdha, pas tous heureusement, qui ne veulent pas dépasser leurs dogmes fondateurs et qui ont fait que, pendant deux ans, le pouvoir nahdhaoui de Jebali et de Laarayedh néglige la fête de l’indépendance. Et, même s’ils reviennent pour la récupérer ce 20 mars 2014, c’est uniquement et purement dans une perspective électoraliste!
Puis, il y a cette cohorte du genre de Samir Ben Amor, Abderraouf Ayadi, Hechmi Hamdi et consorts qui s’échinent à être plus royalistes que le roi dans leur négation de Bourguiba et de tout ce qui vient de Bourguiba!
Pour autant, les symboles de la nation, son indépendance, son hymne national, son territoire, ses valeurs, doivent être, comme dans toutes les démocraties avancées, un bien public au dessus de la mêlée. Nous sommes arrivés après tant d’années à un moment où nous pouvons nous mettre d’accord sur un certain nombre de choses, même si par le passé elles étaient sujettes à controverse!