de la SNCM dans le port de Marseille le 9 janvier 2014 (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
[26/03/2014 14:16:39] Marseille (AFP) Bis repetita à la SNCM, où les syndicats ont entamé mercredi un mouvement de grève pour pousser le gouvernement à chasser l’actionnaire principal Transdev, face aux “menaces graves et imminentes” qui pèsent sur la compagnie maritime marseillaise.
Le trafic était quasiment paralysé entre la Corse et le continent, trois des quatre bateaux étant bloqués à quai, selon la direction.
Après un conflit de près de dix jours début janvier, la CGT (majoritaire), le SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), la CFDT, FO et, pour l’encadrement, la CFE-CGC répètent l’exercice au vu de “l’évolution inquiétante”, à leurs yeux, de ces dernières semaines.
Au fil des conseils de surveillance, Transdev (66%), filiale de la Caisse des Dépôts (CDC) et de Veolia Environnement, a affiché son hostilité croissante vis-à-vis du plan de redressement de la société, qu’il estime “fragile”.
Si la commande de quatre navires au chantier naval STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a été amorcée, les salariés craignent que, dans un tel contexte, elle ne puisse aboutir d’ici fin juin, comme le prévoit le calendrier entériné en janvier.
Ils réclament donc “la mise en oeuvre dans les meilleurs délais de la sortie de Transdev par la mise en place d’un actionnariat provisoire” avec l’entrée en direct de la CDC, et parallèlement la recherche de nouveaux partenaires. Et en appellent à l’Etat, actionnaire direct à 25% de la SNCM, mais aussi indirect via la CDC.
– Stratégie de pourrissement –
à la mairie de Marseille, Patrick Mennucci, rencontre des salariés de la SNCM à son QG de campagne, le 26 mars 2014 (Photo : Boris Horvat) |
Le ministère des Transports, qui avait début mars rappelé Transdev à ses responsabilités, a réaffirmé auprès de l’AFP ses engagements. “On comprend ce mouvement qui manifeste des inquiétudes réelles”, a-t-on souligné de même source. “Mais on n’est pas certain de l’urgence. L’Etat a tenu tous ses engagements notamment sur la trésorerie, question qui ne se pose plus aujourd’hui”.
Concernant l’évolution de l’actionnariat, “c’est une question incontestablement importante qui nécessitera un travail long”, relève le ministère, souhaitant “que tout projet de reprise puisse être examiné”, notamment avec le groupe norvégien Siem Industries qui a manifesté son intérêt.
Mardi, le groupe Transdev, défendant sa position dans le dossier, avait assuré se tenir “à la disposition des investisseurs qui seraient intéressés à la reprise de sa participation”, qu’il compte céder “pour une somme symbolique et en abandonnant ses créances”.
Devant cette volonté de temporiser, Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC des officiers, a fustigé une “stratégie de pourrissement de la part du gouvernement” et demandé “un arbitrage plus fort contre le groupe Transdev”.
Même discours du côté de la CGT. “Il nous faut compter sur toute la détermination du gouvernement pour veiller à l’avenir de la SNCM (…), car le pire est malheureusement toujours d’actualité et qu’il y a urgence”, écrit le syndicat dans son préavis.
A l’issue des différentes assemblées générales, une centaine de grévistes se sont rendus à la permanence du candidat socialiste à la mairie de Marseille, Patrick Mennucci. “Je lance un appel au Premier ministre et au président de la République pour qu’ils sécurisent l’actionnariat en faisant pression sur la Caisse des Dépôts”, a déclaré le député après avoir reçu une délégation.
La SNCM, soumise à une double condamnation de Bruxelles à rembourser 440 millions d’euros, est engagée dans un plan de redressement qui prévoit un renouvellement de la flotte, une augmentation du temps de travail et une réduction d’effectifs à hauteur de 500 postes (sur 2.600), le tout pour obtenir une meilleure productivité et remettre l’entreprise à flot.