«Faut-il maintenir le congrès extraordinaire à sa date prévue, en juillet 2014, ou le reporter?». C’est à peu près à cette question que les adhérents du mouvement Ennahdha seront conviés à répondre du 28 au 30 mars 2014. En d’autres circonstances, la question aurait pu être anodine. Mais dans le contexte actuel du parti islamiste le plus important en Tunisie, elle est lourde de sens et de conséquences.
Le référendum sur le maintien ou non de la date du congrès extraordinaire d’Ennahdha (28-30 mars 2014), initialement fixé pour juillet 2014, sera en effet l’occasion d’une âpre bataille entre son président, Rached Ghannouchi, et une grande partie de ses cadres dirigeants que ce dernier voudrait, selon une source proche du parti, pousser vers la sortie.
La même source assure que Rached Ghannouchi est désormais convaincu de la nécessité, pour sa formation, d’une profonde révolution pour en faire une formation véritablement centriste et qu’il voudrait, en conséquence, que le congrès ait lieu à la date prévue pour provoquer un renouvellement des structures de base à l’échelle des régions et favoriser ainsi un renouvellement de la direction au niveau central le plus élevé (bureau exécutif et Majlis Choura).
Le président d’Ennahdha tiendrait d’autant plus à renouveler la direction qu’il estime que celle-ci, notamment les cadres ayant fait partie des deux gouvernements de la Troïka, ont échoué dans leur mission. Mais ceux-ci ne l’entendraient pas de cette oreille. Qui multiplient depuis quelques semaines les déplacements dans différentes régions du pays pour plaider pour un report du congrès et préserver ainsi leurs chances de revenir au gouvernement si Ennahdha l’emporte lors des prochaines élections.
Tout en se préparant à ce référendum oh combien important, Ennahdha montre depuis quelques semaines des signes de tension interne, d’ébullition, dont les démissions qui se multiplient parmi ses cadres et dirigeants. La dernière en date et la plus importante étant celle de Hamadi Jebali, secrétaire général du parti, devenue elle aussi objet de divergences et de télescopages au plus haut niveau.
L’information ayant fait état de cette démission au milieu de la semaine dernière a aussitôt été démentie par Ajmi Lourimi, chargé de la communication. Mais dimanche 23 mars, Zied Ladhari a confirmé cette information. Avant que Ajmi Lourimi ne revienne à la charge vingt-quatre heures plus tard pour démentir les propos de son collège. Ce qui a contraint l’intéressé, en l’occurrence Hamadi Jebali, à sortir le même jour de sa réserve en publiant un communiqué sur sa page Facebook dans lequel il met fin à la controverse en confirmant sa démission mais sans en dévoiler les motivations.
Pourtant, la démission de Hamadi Jebali est bien une réalité et nous sommes en mesure d’affirmer qu’elle a eu lieu courant janvier. Après avoir longtemps hésité à le faire, depuis qu’il a abandonné les reines du gouvernement en février 2013, l’ancien chef du gouvernement a rendu son tablier de secrétaire général et n’assiste plus depuis aux réunions des instances dirigeantes.
Outre les divergences avec une bonne partie de sa direction et le fait qu’il n’ait pas réussi à avoir le pouvoir qu’il réclamait pour ne plus faire de la simple figuration, Hamadi Jebali fait ainsi un pas vers une probable candidature à l’élection présidentielle en tant que candidat indépendant. Pourtant, l’ex-secrétaire général est convaincu que, pour avoir des chances à la magistrature suprême, il lui faut obtenir au moins la neutralité positive de son parti. Qui affirme pour l’instant ne pas avoir l’intention d’avoir son propre candidat.
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