“En Afrique, il n’y a pas beaucoup de Salons mais quand il y en a quelques uns, il faut faire l’effort d’y être… La présence tunisienne y est presque nulle, c’est ce qui doit nous inciter à nous engager dans des actions concertées et ne pas s’aventurer à faire cavalier seul pour la conquête des marchés africains”.
Le constat ainsi que l’appel ont été exprimés par Abdelatif Hmam, PDG du CEPEX, lors de la table ronde organisée par l’UTICA jeudi 27 mars 2014 et intitulée “Pour un meilleur positionnement de l’entreprise tunisienne sur le marché africain”.
Les entreprises tunisiennes ont montré leurs capacités de résilience et leur maîtrise du terrain dans des contextes assez difficiles: «Les entreprises tunisiennes ne sont pas aussi fragiles qu’elles paraissent être. Elles ont optimisé leurs compétences et leurs expertises dans toutes les phases critiques que la Tunisie a traversées, qu’il s’agisse de celle sécuritaire, sociale ou économique», a pour sa part déclaré Noureddine El Hajji, DG d’Ernest and Young Tunisie et qui a présenté une étude sur l’attractivité en Afrique. Un continent qui attire de plus en plus les investisseurs internationaux mais qui en crée aussi aux échelles nationales et des plus importants.
A titre d’exemple, l’Afrique subsaharienne figure parmi les zones qui investissent le plus dans cette région du monde où la moyenne de croissance annuelle est de 12,8% et peut atteindre, dans certains pays, les 22,3%. En tête du peloton en matière d’investissement figurent l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria.
L’Afrique n’est plus un mirage, elle ne se limite pas non à l’image que véhicule d’elle Hollywood. C’est-à -dire une savane, des tribus “non civilisées” ou mieux encore de beaux paysages. C’est le continent qui épargne le plus après l’Asie, où les réserves de change y sont de l’ordre de 500 milliards de dollars US, où les dépenses des ménages sont passées de 840 millions de dollars USD à 1,4 milliard de dollars, où l’on s’attend à ce que 72 milliards de dollars soient investis et où la moitié de la population a moins de 20 ans avec une classe moyennes dont le pouvoir d’achat s’accroît de plus en plus.
La présence tunisienne dans le continent noir reste pour sa part très limitée, soit une croissance de 11,1% entre 2009 et 2013.
La perception des investisseurs tunisiens de l’Afrique doit également changer, estime Noureddine El Hajji: «L’Afrique doit être mieux appréhendée et surtout pas dans une optique intéressée, condescendante ou opportuniste. Dans notre étude, nous avons remarqué que ceux qui s’installent carrément et à travers des représentations comme les pays de l’Est, perçoivent mieux l’Afrique que leurs homologues, pays de l’Ouest. On ne peut pas conquérir des marchés à distance. Il faut s’y implanter».
S’y implanter, oui, mais aussi apprendre à coordonner les actions avec toutes les composantes économiques nationales pour une présence mieux forte en Afrique. Car, entre 2009 et 2013, selon les informations fournies par l’INS, la Tunisie n’y a pas amélioré sa position et n’a pas dépassé les 2,31% en matière d’échanges commerciaux alors qu’avec Europe ils sont de l’ordre de 71,28%.
La balance commerciale entre la Tunisie et l’Afrique n’est pas déficitaire comme avec la Turquie mais reste en deçà des possibilités offertes. Ainsi, la moyenne de croissance des exportations est de l’ordre de 11,1% jusqu’en 2013 et des importations de 6,6%. Parmi les 10 premiers clients de la Tunisie figurent l’Ethiopie, le Sénégal, le Cameron, la Cöte d’Ivoire, le Gabon et le Nigeria. En outre, à la tête des fournisseurs figure l’Ouganda, le Ghana, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et la Tanzanie.
Les produits les plus sollicités sont les produits agroalimentaires, hygiéniques, les boissons gazeuses et les pâtes alimentaires, les conducteurs électriques et les shampoings.
Mais ce ne sont pas les seuls car ce qui limite la marge de manÅ“uvre pour les opérateurs privés tunisiens c’est tout d’abord le fait qu’ils ne se sont pas constitués en consortiums pour conquérir des marchés aussi vastes aussi africains, mais également parce que le pays souffre de grandes défaillances sur le plan logistique, qu’il s’agisse d’accompagnement bancaire ou du transport. Un transport qui pêche par un manque au niveau des dessertes des pays africains mais aussi par une qualité de service qui ne plaide pas en faveur de la personnalisation et la fidélisation des opérateurs privés en e Afrique.
«La mobilisation de tous les acteurs : UTICA, chambres de commerces et conseillers à l’export autour d’un programme national pour l’Afrique intitulé “Go Africa“ est envisagé dans le cadre des actions à lancer en direction de l’Afrique», a déclaré le PDG du Cepex qui estime que la Tunisie doit passer à la vitesse supérieure en se fixant es objectifs.
Et tout d’abord : passer de 640 MDT d’échanges commerciaux en 2013 à 1 milliard de dinars en 2016, cibler les marchés, mettre en place une approche sectorielle, bénéficier d’un soutien politique au plus haut niveau, user de la diplomatie économique en recourant à des actions de proximité, concevoir des supports pour l’accompagnement du secteur privé telles la facilitation et l’organisation de contacts B to B et l’adoption d’approches pour des offres globales touchant le secteur des services, études, financements, assurances, formation et management.
Le Foprodex, qui n’a du reste pas évolué depuis plus de 20 ans, offrira son appui financier pour les actions de prospection tout comme le Cepex organisera des missions économiques multisectorielles ou sectorielles. Mieux encore, le Club Afrique pour partager les expériences vécues en Afrique pourrait être d’un grand apport pour les entreprises décidés à se rendre sur place.
L’Agenda 2014 prévoit des actions sur 12 marchés cibles dont la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Cameroun, la Mauritanie, le Mali, le Tchad, le Niger, le Togo, le Ghana, le Nigeria, le Gabon et l’Ethiopie, tout comme l’organisation de 4 évènements réseautage autour de certains pays africains et des visites de prospection en Tanzanie, Nigeria et Kenya. Le programme prévoit également l’organisation de 4 missions sectorielles multisectorielles.
Dans un monde auquel l’Afrique offre le gisement le plus important de croissance, il est devenu indispensable et même vital pour la Tunisie de se positionner, de façon respectable, sur un marché qui devrait représenter son prolongement économique naturel.