Aide à l’Ukraine : un risque minime pour le maïs français

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épi de maïs dans un champ de Godewaersvelde, en France le 28 septembre 2012 (Photo : Philippe Huguen)

[28/03/2014 17:26:55] Paris (AFP) Le risque d’une concurrence déloyale du maïs ukrainien pour la France en cas d’accord de libre-échange avec Kiev, 3e exportateur mondial de la céréale, semble minime aux yeux des experts, malgré les inquiétudes d’une frange des producteurs français.

Alors que l’Union européenne est déjà le premier acheteur du maïs ukrainien, la Coordination rurale, syndicat minoritaire, s’est inquiétée cette semaine d’un accord qui ouvrirait “davantage le marché aux produits agricoles ukrainiens”, alors que “les problèmes actuels de l’Ukraine ne gênent en rien ses exportations agricoles”.

De fait, les analystes s’accordent pour dire que l’Ukraine continue à expédier normalement ses denrées agricoles, malgré la crise avec la Russie et la sécession de la Crimée.

“Les ports maritimes ukrainiens opèrent comme d’habitude et tous les chargements commandés ont été livrés à temps”, soulignait mercredi une note de la banque australienne Macquarie.

Début mars, la Commission européenne s’est dit prête à accélérer la signature de l’accord de libre échange avec l’Ukraine pour aider le pays en plein marasme. Selon Bruxelles, l’accord se traduirait pour Kiev par “des millions d’économies” sur ses exportations, notamment agricoles, via des baisses de tarifs douaniers.

L’Union européenne est traditionnellement importatrice de maïs, mais en son sein, la France est généralement exportatrice nette et écoule 90% de ses exportations dans l’UE. Elle est donc concernée au premier chef par la concurrence ukrainienne, notamment en Espagne.

– Droits de douane nuls –

Or l’Ukraine va exporter cette année environ 19 millions de tonnes de maïs, “soit plus que la production française de 13 millions de tonnes”, s’inquiète la Coordination rurale.

Mais les “volumes prévus par l’accord ne semblent pas de nature à bouleverser l’équilibre du bilan communautaire”, remarque un observateur avisé des marchés agricoles.

En effet, alors que l’UE a déjà importé 7 millions de tonnes de maïs ukrainien cette année, l’accord prévoit d’autoriser l’importation de 400.000 tonnes de maïs sans droits de douanes d’ici au 1er novembre. Le quota augmenterait ensuite jusqu’à 650.000 tonnes sur cinq ans.

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ège de la Commission européenneà Bruxelles, le 5 mars 2013 (Photo : John Thys)

Surtout, dans les faits, “les droits de douane sont déjà nuls depuis trois ans” car il s’agit de droits flottants indexés sur les cours mondiaux du maïs, souligne Matthieu Caldumbide de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), branche spécialisée de la FNSEA (syndicat majoritaire).

Les taxes douanières ne sont appliquées que si les cours du maïs descendent en-dessous d’un certain seuil de prix. L’accord que prépare Bruxelles ne ferait donc pas grande différence pour l’instant.

“Sur la base des prix d’aujourd’hui, ce n’est pas important”, selon M. Caldumbide. Toutefois, “si les prix redescendaient à leur niveau de 2009, là les droits de douane prendraient tout leur sens”, prévient-t-il.

Le poids de l’Ukraine sur le marché du maïs pourrait aussi être à relativiser l’an prochain, car les agriculteurs pourraient consacrer moins de surfaces au maïs.

“Avec l’instabilité politique et les difficultés de financement, on craint que les agriculteurs ne privilégient d’autres cultures moins gourmandes en intrants et moins coûteuses à produire”, analyse Hélène Morin, responsable de l’international dans le cabinet Agritel.

Kiev pourrait donc avoir “moins de maïs à exporter l’an prochain”, selon la consultante.