Le train Duisbourg-Chongqing, “nouvelle route de la soie”

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Le train Duisbourg-Chongqing en Allemagne le 29 mars 2014 (Photo : Bernd Thissen)

[29/03/2014 20:00:48] Francfort (AFP) Le port allemand de Duisbourg, importante plateforme logistique, accueille de plus en plus de trains de marchandises chinois grâce à une ligne ferroviaire parmi les plus longues au monde, “nouvelle route de la soie” saluée samedi par le président chinois.

A l’occasion de sa première visite en Allemagne, Xi Jinping a choisi de découvrir cette cité du nord-ouest du pays, premier port intérieur au monde, situé dans le bassin industriel de la Ruhr.

Accompagné d’une importante délégation chinoise et du ministère allemand de l’Economie Sigmar Gabriel, il a accueilli en grande pompe un convoi de conteneurs chargés d’articles électroniques parti environ 16 jours plus tôt de Chongqing, mégalopole de plus de 30 millions d’habitants au c?ur de la Chine.

La ligne de fret qui relie les deux villes “est un exemple impressionnant du dynamisme des relations commerciales entre nos deux pays”, a estimé Hannelore Kraft, ministre-présidente de Rhénanie-du-nord-Westphalie.

La Chine est le premier partenaire commercial de l’Allemagne en Asie, et l’Allemagne, le premier de la Chine en Europe. Leurs échanges commerciaux ont atteint l’an passé 161,5 milliards de dollars.

Le tracé Duisbourg-Chongqing, baptisé “Yuxinou” lors de sa création en 2011 par plusieurs sociétés ferroviaires, traverse le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et la Pologne, et autant de climats et paysages différents.

Avec ses quelques 11.000 kilomètres, il est plus long que le Transsibérien mais plus court de 2.000 kilomètres qu’une ligne passant plus au nord, entre la métropole chinoise de Shanghai et Duisbourg.

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ésident chinois Xi Jinping (C) devant le train sino-allemand, à Duisbourg le 29 mars 2014 (Photo : Bernd Thissen)

“Cette liaison ferroviaire, qualifiée en Chine de +nouvelle route de la soie+, n?a pas juste une valeur symbolique”, estime Julian Böcker, porte-parole du port, interrogé par l’AFP. “Elle a trouvé sa place dans le marché grâce à sa fiabilité et à une fréquence allant jusqu’à trois trajets par semaine”, affirme-t-il.

Le groupe informatique américain Hewlett Packard en est l’un des utilisateurs réguliers pour acheminer en Europe ses ordinateurs produits à Chongqing, à 1.500 km des côtes et donc bien loin des grands ports commerciaux chinois et de leurs porte conteneurs géants.

– Alternative au transport maritime –

La voie maritime, qui avait progressivement supplanté il y a plusieurs siècles la “route de la soie” – un réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe -, domine encore à plus de 95% le transport de marchandises entre ces deux régions, selon Burkhard Lemper, expert du cabinet de logistique ISL.

La part de marché du ferroviaire reste infime. Le Yuxinou représente “un complément des moyens de transport de marchandises existants”, souligne Maria Leenen, directrice de la société d’études de marché SCI Verkehr.

Mais “le train est deux fois plus rapide que le transport maritime, et deux fois moins cher que le fret aérien”, fait valoir Erich Staake, le patron de la société publique qui gère le port de Duisbourg.

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ésident chinois Xi Jinping (C) et le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel (G), à Duisbourg le 29 mars 2014 (Photo : Federico Gambarini)

Selon l’experte de SCI Verkehr, “les deux partis en tirent avantage”. “L’Europe peut ainsi répondre à une hausse soudaine de la demande dans l’industrie ou le commerce, par exemple dans le domaine du textile, tandis que la Chine atteint plus rapidement ses marchés”. Et la ligne facilite le désenclavement de provinces chinoises à l’intérieur des terres.

“Ce mode de transport n’en est qu’à ces débuts, et il peut avoir un bel avenir si les conditions sont réunies, à savoir la sécurité, le respect des délais et une situation politique stable”, juge Mme Leenen.

D’autant que d’autres groupes d’électronique, comme le sous-traitant taïwanais Foxconn, fournisseur d’Apple, ou le fabricant d’ordinateurs Acer, mais aussi des constructeurs et équipementiers automobiles et des entreprises de machines-outils possèdent des usines à Chongqing.

Le port de Duisbourg espère une montée en puissance de ce tracé ferroviaire après la visite du président chinois. “Nous voulons plus de clients dans les deux directions”, explique Julian Böcker.

Car l’enjeu est aussi d’équilibrer le trafic pour mieux le rentabiliser. “Sur ce parcours, il y a beaucoup plus de produits transportés vers l’Europe que l’inverse, c’est un gros problème”, juge Mme Leenen.

Ainsi, il n’est pas rare que des trains du Yuxinou, qui peuvent compter jusqu’à 50 conteneurs, arrivent pleins à Duisbourg mais repartent à vide vers la Chine.