ée, le 26 mars 2014 (Photo : Alain Jocard) |
[30/03/2014 14:14:47] Francfort (AFP) Les marchés espèrent un geste de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine prochaine, face au risque selon eux croissant de déflation en zone euro, des attentes qui risquent toutefois d’être une nouvelle fois déçues, selon des analystes.
Après être déjà restée sourdes aux sollicitations le mois dernier, l’institution monétaire de Francfort (ouest) semble bien partie pour faire de même lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire jeudi, estime Howard Archer, chef économiste Europe chez IHS.
“L’impression générale que donnent les commentaires des responsables de la BCE est qu’ils ne croient pas que la situation nécessite une action à ce stade”, écrit-il dans une note.
Jonathan Loynes, de Capital Economics, juge également qu'”il semble plus probable que la BCE veuille garder les munitions qu’il lui reste” pour plus tard, dans un contexte où la situation économique s’améliore comme elle le prévoyait.
Les prix ont baissé en Espagne en mars, pour la première fois depuis 2009, tandis que l’inflation a encore ralenti en Allemagne à 1%. Une première estimation pour la zone euro est attendue lundi alors qu’en février, la hausse des prix n’a été que de 0,7%, loin de l’objectif de la BCE de la maintenir proche de 2%.
Pour autant, “ce n’est pas la déflation qui arrive”, estiment les économistes d’UBS qui s’attendent, comme la BCE, à ce que la croissance des prix se rapproche progressivement de la cible visée d’ici fin 2016.
Cette semaine, les membres de la BCE ont toutefois légèrement adouci leur discours, laissant entrevoir que l’institution monétaire pourrait en faire plus pour contrer tout risque d’apparition d’une baisse générale des prix néfaste pour l’activité économique.
-offensive contre l’euro fort-
“Il y a un risque de déflation” en zone euro et même s'”il n’est pas élevé”, la BCE “doit prendre des mesures pour anticiper cette possibilité, avec une politique monétaire encore plus accommodante”, a déclaré Luis Maria Linde, gouverneur de la Banque d’Espagne et à ce titre membre du conseil des gouverneurs de la BCE.
ège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
Son homologue slovaque Josef Makuch a aussi expliqué que “plusieurs responsables (de la BCE) sont prêts à adopter des mesures non conventionnelles pour éviter de glisser dans un environnement déflationniste”.
Quant au président de la BCE, Mario Draghi, il a réaffirmé que la BCE ferait “ce qui est nécessaire pour maintenir la stabilité des prix” et se tenait “prête à prendre des mesures supplémentaires” si l’inflation ne remontait pas.
Il persiste toutefois à juger le risque de déflation “limité” tandis que le patron de la banque centrale allemande Jens Weidmann l’a considéré lui “très limité”, estimant que “le cours actuel des choses ne nécessite pas de changement de politique monétaire”.
Le principal taux d’intérêt directeur de la BCE, baromètre du crédit en zone euro, est déjà à son niveau le plus faible historiquement, 0,25%, tandis que l’institution alimente les banques en liquidités illimitées et très bon marché dans l’espoir qu’elles prêtent davantage aux entreprises et ménages et soutiennent ainsi la croissance.
Les analystes d’UBS n’attendent en conséquence ni baisse de taux, ni rachats d’actifs ou injection de liquidités supplémentaires pour l’heure.
Pour Nikolaus Keis, économiste chez UniCredit, la question est désormais de savoir si la BCE va s’exprimer davantage sur le niveau élevé de l’euro, qui risque de pénaliser les exportations et de peser sur les prix.
Après une offensive mi-mars qui avait contribué à contenir la flambée de la monnaie unique, M. Draghi a répété mardi qu’il ne s’agissait “pas d’un objectif” de la politique monétaire de la BCE mais qu'”il est très important pour la stabilité des prix et pour la croissance”.