Pavel Dourov, turbulent fondateur du “Facebook russe”, démissionne

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âtiment dans lequel est situé le bureau de VKontakte le 1er novembre 2013 (Photo : Olga Maltseva)

[01/04/2014 14:37:16] Moscou (AFP) Une page se tourne dans l’histoire de l’internet russe : le jeune fondateur du très populaire réseau social VKontakte (VK), Pavel Dourov, a claqué la porte mardi après des mois de conflit avec l’un de ses premiers actionnaires.

“Ma liberté d’action en tant que directeur général pour diriger la société s’est nettement réduite. C’est devenu de plus en plus difficile de défendre les principes sur lesquels notre réseau social est fondé”, a indiqué Dourov, 29 ans, sur sa page VK.

“Je continuerai à participer à la vie de VKontakte en tant que fondateur, mais les postes d’administration dans ces nouvelles conditions ne m’intéressent pas”, a-t-il ajouté.

Cette annonce, faite un 1er avril, a pris de court et laissé perplexes un certain nombre d’internautes, Pavel Dourov étant coutumier des provocations.

Ajoutant à la confusion, le porte-parole de VK, Georgui Lobouchkine, a refusé de confirmer. “Le service de presse ne commente pas les propos du directeur général”, a-t-il écrit sur Twitter.

Un peu plus tard, le porte-parole a posté un lien vers le clip du chanteur anglais Rick Astley, “Never gonna give you up” – reprenant une pratique des adeptes d’internet utilisée pour faire une plaisanterie.

Interrogée par l’AFP, la porte-parole d’USM Advisors, la holding du milliardaire Alicher Ousmanov dont le portail Mail.ru détient 52% de VK, a toutefois confirmé la démission de M. Dourov, mais n’a pas donné plus de détails.

– Apaisement du climat –

Cette démission pourrait apaiser le climat alors que le réseau social russe, qui surpasse dans l’ex-URSS son concurrent américain Facebook avec plus de 100 millions d’utilisateurs, est depuis des mois au coeur d’un conflit entre M. Dourov, soutenu par Mail.ru, et le fonds d’investissement United Capital Partners (UCP), à la tête des 48% restants du capital.

UCP accuse M. Dourov d’avoir utilisé les ressources de VK pour créer l’an dernier l’application de messagerie instantanée Telegram, indépendante du réseau social, qui a remporté un vif succès.

Fin février, le fonds d’investissement dirigé par Ilia Cherbovitch, membre de plusieurs conseils d’administration dans l’industrie pétrolière, a menacé de s’en remettre aux tribunaux pour résoudre le conflit.

Parfois comparé au fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, M. Dourov a créé le réseau à sa sortie de l’université de Saint-Pétersbourg en 2006.

Il est sorti en janvier du capital de la société en vendant sa part de 12% au PDG de l’opérateur de téléphonie mobile MegaFon, mais en est resté directeur général. Il aurait alors selon le journal russe Vedomosti touché plus de 400 millions de dollars. Cette part de 12% a été rachetée mi-mars par Mail.ru.

Pavel Dourov, cheveux noirs et teint pâle, crée régulièrement du “buzz”, comme lorsqu’il a lancé des billets de banque des fenêtres du siège de VK à Saint-Pétersbourg. Plus récemment, il a proposé au fugitif américain Edward Snowden, réfugié en Russie, de travailler avec lui.

Fin 2011, alors qu’un mouvement de contestation contre Vladimir Poutine rassemblait des dizaines de milliers de personnes, il a repoussé l’injonction des services de renseignement de bloquer des groupes d’opposition sur VK.

Ouvertement libertaire, il a fait du réseau un lieu d’échange de films et de musique, mais avec le durcissement de ton des autorités russes face au piratage, il a dû se résoudre à effacer une partie importante des contenus hébergés.

Selon l’influent site russe consacré aux nouvelles technologies siliconrus.com, plusieurs noms ont déjà émergé ces derniers temps dans les médias pour occuper le poste de directeur général de la société si M. Dourov démissionnait, dont Nikita Cherman, d’Odnoklassniki, un autre site de socialisation.

VK détient une part de marché considérable en Russie, estimée par la banque Barclays à environ 40% contre seulement 25% pour Facebook, ce qui en fait un joyau de l’internet russe.